On en est à la sélection du groupement chargé de la réalisation du chantier dont le coût est estimé à 500 millions de dollars. L'infrastructure qui devait donner de l'eau H 24 aux habitants des wilayas d'Alger, de Tizi Ouzou et de Boumerdès, dès cet été, n'a pas encore fini de faire couler de l'encre. Le nouveau ministre des Ressources en eau, M. Sellal, vient en effet d'indiquer que les travaux de transfert des eaux du barrage de Taksebt seront lancés en septembre prochain. Où en est-on aujourd'hui de ce dossier de barrage qui est plein —, il accumule aujourd'hui plus de 100 millions de m3 d'eau —, pour rien puisque les travaux de raccordement de l'ouvrage aux robinets n'ont pas encore commencé ? Le chantier consiste en gros à réaliser les conduites, une unité de traitement de l'eau, un tunnel et des stations de pompage. En un mot, ces travaux n'ont pas été réalisés alors que le barrage est achevé depuis des années. Le ministre a recensé une dizaines de cas de ce genre à travers le pays. Ce qui explique en grande partie pourquoi les Algériens en grande majorité souffrent quarante ans après l'indépendance de restrictions en matière d'alimentation en eau potable. Mauvaise programmation ? Mauvaise gestion ? Laisser-aller ? En tout état de cause, ces trois graves lacunes ne sont que l'effet du manque de suivi des grands projets par les différents exécutifs qui se sont succédé et leur insuffisante maîtrise du dossier de l'eau. Pour ne pas dire conflits d'intérêts. Revenons au Taksebt. L'Anb, qui gère le projet d'adduction, vient de conclure la phase technique du nouvel appel d'offres, a-t-on appris de source sûre. Elle a reconsulté tous les soumissionnaires initiaux au projet : Snc Lavalin (Canada), Dragados (Espagne), Razel (Allemagne), Heidkamp (Allemagne), Linde (Allemagne), Astaldi (Italie), Vinci (France). En guise de rappel, Razel, Astaldi et Vinci s'étaient retirés lors de la phase technique. L'offre de Heidkampe-Linde n'avait pas été retenue. Il restait en course, pour les offres commerciales, Snc Lavalin et Dragados. Cette dernière estime, selon l'Anb, qu'elle n'a pas à donner l'eau à Tizi Ouzou un an après le début des travaux, une condition du cahier des charges. Snc Lavalin est alors retenu provisoirement pour la réalisation d'un coût estimé à 500 millions de dollars. Mais l'offre de Snc Lavalin s'avère trop cher. La Banque européenne d'investissement qui finance le projet pour 225 millions d'euros refuse de donner son feu vert. “C'est trop cher”, conclut la Bei. Ce qui correspond à une annulation des résultats de l'appel d'offres. L'Anb déclare l'appel d'offres infructueux, par placards publicitaires. La Bei demande et obtient la reconsultation de tous les soumissionnaires au projet. Ce qui fut ces dernières semaines. Dragados et Linde jettent l'éponge. À l'issue de la phase technique, trois offres sont tenues : les groupements Astaldi-Heidkamp, Vinci-Razel, Snc-Lavalin-Ondeo-Degremont-Enac-Gtp-Inerga. Le cahier des charges connaîtra deux changements majeurs : la durée d'exploitation de l'adduction est ramenée de dix à cinq ans, le choix du moins disant pour l'évaluation des offres commerciales contre une notation 50 technique 50 offre commerciale auparavant. Donner l'eau à Tizi Ouzou un an après le lancement des travaux est maintenu. La durée du chantier est fixée entre 36 et 40 mois. Pour plus de clarté, il convient de savoir que le premier appel d'offres sur le projet du Taksebt avait été lancé en 2000 . “L'Agep, qui gérait le dossier, avait sous injonctions, attribué le projet d'adduction à Snc Lavalin alors que son offre était classée sixième. La commission nationale des marchés avait, en avril 2001, annulé cette sélection. Le dossier est alors confié à l'Anb”, rappelle une autre source sûre. Si le projet semble être relancé, il n'en demeure pas moins que les habitants de la région-centre du pays s'avèrent les victimes de toutes ces tergiversations et de toutes ces convoitises. Le projet, même s'il est est bouclé dans les règles de l'art, s'assimilera à un véritable gaspillage de ressources. Un grand exemple d'inefficacité économique. N. R.