Le ministère des Affaires religieuses est au banc des accusés. L'association d'astronomie Sirus (basée à Constantine), par la plume du président de sa commission scientifique, a déploré, dans un communiqué, “la décision prise par le Comité d'observation des croissants dépendant du ministère de faire prévaloir l'observation du croissant dans d'autres pays sur celle locale pour établir la date de l'Aïd”. Jamal Mimouni qualifie cette décision d'“impromptue (et) d'irréfléchie (qui) pèche tant du point de vue jurisprudentiel que du (côté) scientifique”. Il pense que le Comité des Affaires religieuses ne pouvait pas vérifier la fiabilité des rapports d'observation reçus de l'étranger “sachant que sa seule source probable d'information, ce sont les simples communiqués de presse diffusés par les TV arabes”. Le comité a, selon lui, fait fi du principe d'observation locale du croissant basé sur la diversité d'observations (traduction approximative de : ikhtilaf al matali'i) pour adopter, changeant ainsi “sans préavis ni justification”, la règle d'observation généralisée. Le comité, pour n'avoir pu observer le croissant mercredi soir en raison du mauvais temps, avait décrété jeudi jour de l'Aïd tenant compte de l'apparition du croissant dans des pays musulmans limitrophes (comme la Tunisie). “Le principe d'observation généralisée (ouahdatou al matali'i) implique l'existence d'une structure de concertation supranationale, pas une concoction de dernière minute et à sens unique”, observe M. Mimouni. “La position légère du Comité des croissants, ajoute-t-il, apparaît clairement dans la teneur du communiqué lu à la télévision où nulle mention ne fut faite si le croissant a été observé ou non localement, ce qui est pourtant la mission première dudit comité.” Il relève également, d'un point de vue strictement scientifique, l'évidence de l'impossibilité d'observer le croissant pour la lunaison correspondant au ramadhan de cette année. L'association Sirus réclame davantage de transparence du comité et sollicite le Haut Conseil islamique (HCI) pour se prononcer sur le début et la fin du mois de ramadhan “afin d'aboutir à une méthodologie claire, islamiquement acceptable et scientifiquement consistante (…)”. L. B.