Devant le laxisme des autorités soudanaises à prendre des mesures urgentes au Darfour, l'Union européenne et les Etats-Unis s'apprêtent à annoncer dans les prochains jours des sanctions contre le régime du général Al-Bechir. Si une aide humanitaire est apportée par l'Union européenne au Soudan dans l'espoir de voir la situation s'améliorer, Bruxelles n'exclut pas de recourir à des sanctions, si le gouvernement soudanais ne met pas un terme dans les jours à venir à l'effusion de sang dans l'ouest du pays. L'UE emboîte ainsi le pas aux Etats-Unis, qui avaient menacé Khartoum de sanctions juste après la visite de Colin Powell dans le Darfour, il y a deux semaines environ. “Nous attendons les signaux dans les prochains jours et à la lumière de la situation, nous envisagerons alors si nous devons accroître la pression sur le gouvernement et imposer des sanctions”, a affirmé le ministre hollandais des Affaires étrangères, Bernard Bot, à l'issue de la réunion de lundi avec ses homologues européens dans la capitale belge. Le chef de la diplomatie batave a précisé qu'il fallait que l'aide humanitaire parvienne à ceux auxquels elle est destinée et que les réfugiés regagnent leurs foyers. Cette réaction intervient à la suite des reproches adressés à l'Union européenne sur son manque d'initiatives sur la question du Darfour. Immédiatement après cette intervention, les Etats-Unis ont entamé des contacts avec d'autres pays pour envisager les éventuelles sanctions à prendre contre le Soudan. Pour l'instant, selon les Américains, il y a beaucoup plus de paroles que d'actions pour régler la crise du Darfour, ce dont profite Khartoum. Richard Boucher, le porte-parole du département d'Etat US, a estimé lundi, lors d'une conférence de presse, que les autorités soudanaises ne respectent pas leurs engagements consistant à mettre un terme à la violence prévalant dans l'ouest du Soudan. Durant le week-end, le secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères a téléphoné à son homologue soudanais pour lui rappeler les engagements pris par son gouvernement au cours de son séjour dans ce pays, notamment celui relatif au démantèlement des milices responsables des exactions dans le Darfour, a indiqué à la presse M. Boucher. Washington ne perd apparemment pas de temps puisqu'il s'active à mettre au point une résolution des Nations unies, qui autoriserait des sanctions contre le pouvoir du général Omar Hassan Al-Bechir, s'il se confirme qu'il est en train de bafouer ses engagements. “En attendant, nous continuons à préparer une résolution avec les autres membres du Conseil de sécurité”, a ajouté le porte-parole du département d'Etat américain. Cependant, les Américains rencontrent une opposition, plus importante que prévue, au sein du conseil, notamment de la part de l'Algérie et du Pakistan, ont affirmé des diplomates au siège des Nations unies. La décision à ce sujet ne sera pas prise avant demain, date du retour à New York de Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU. Ceci étant, le Soudan a intérêt à agir rapidement dans le Darfour pour éviter des sanctions parce que même le SG des Nations unies n'a pas été tendre dans ses propos à l'égard du gouvernement au cours de sa visite dans la province soudanaise concernée et lors du dernier sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, la semaine écoulée. K. A.