La force de protection de l'UA est chargée de protéger les observateurs qui veilleront sur le respect du cessezle-feu conclu le 8 avril dernier. L'avant-garde du contingent africain chargé de protéger les observateurs du cessez-le-feu au Darfour est sur le terrain, tandis que Khartoum réaffirme sa totale opposition à la transformation de ce détachement africain en force de maintien de la paix. Les premiers soldats de la force de protection de l'Union africaine (UA), en provenance du Rwanda, sont arrivés, hier, au Soudan en deux temps. 150 soldats rwandais doivent se déployer dans les prochains jours au Darfour, déchiré par la guerre civile et une crise humanitaire sans précédent, selon l'Onu. Ce premier groupe doit être suivi d'ici au 25 août par 150 Nigérians afin de former un contingent de 300 hommes qui protègeront les 120 observateurs de l'UA chargés d'examiner le respect du cessez-le-feu conclu entre Khartoum et les rebelles le 8 avril 2004. Outre l'UA, participent à cette mission d'observateurs les deux groupes rebelles opérant au Darfour, le gouvernement soudanais, le Tchad (médiateur dans le conflit), l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis. Ils transmettent leur rapport à la commission de cessez-le-feu, présidée par l'UA. Le ministre des Affaires étrangères soudanais, Moustafa Osmane Ismaïl, a réaffirmé à l'occasion de l'arrivée des premiers éléments rwandais l'opposition de son pays à la transformation du contingent de l'UA en force de maintien de la paix. “Nous n'avons pas de réserves sur le nombre des troupes, mais sur leur mission”, a expliqué M. Ismaïl. Il a souligné que “toute force dont la mission n'est pas (clairement) définie ne sera pas acceptable pour nous”. L'UA envisage de porter ses effectifs au Darfour à 2 000 hommes. Le président Omar el-Bechir avait affirmé que la “présence de forces étrangères risquait de compliquer la situation”. M. Bechir a assuré que le Soudan était capable de venir à bout de la rébellion et de restaurer la stabilité au Darfour, où les affrontements ont fait entre 30 000 et 50 000 morts depuis 18 mois, selon l'Onu. 40 000 hommes de l'armée régulière sont actuellement déployés au Darfour, selon les autorités. Dans un entretien avec le quotidien soudanais Al-Sahafa, le représentant des Etats-Unis à Khartoum, Gerard Gallucci, a appuyé l'UA, appelant le Soudan à accepter le plan africain de déploiement d'une force de maintien de la paix au Darfour. Dans un apparent changement de priorités, M. Galluci a souligné que la première exigence de la communauté internationale n'était plus le désarmement des Djandjawids (milices arabes pro-gouvernementales). “La tâche urgente est d'arrêter les attaques contre les civils”, a-t-il dit. Le Soudan devait proposer au cours du week-end “une liste de zones susceptibles d'être sécurisées au Darfour dans les 30 jours”, pour servir de refuge aux populations déplacées, avait indiqué vendredi un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq. M. Ismaïl devait s'entretenir sur ce sujet, hier, avec le représentant du secrétaire général de l'Onu, Jan Pronk, a-t-on appris à Khartoum. La création de tels “sanctuaires” est réclamée par la communauté internationale comme preuve de la volonté de Khartoum de protéger les civils. Une force de police internationale pourrait s'associer à la “sécurisation” de ces zones, selon des sources européennes à Khartoum. Le 30 juillet, le Conseil de sécurité de l'Onu, avait donné 30 jours à Khartoum pour reprendre le contrôle de la situation au Darfour, en désarmant les Djandjawids, responsables d'exactions contre les populations d'origine africaine, sous peine de sanctions. Khartoum se prépare à reprendre les négociations avec les deux mouvements rebelles du Darfour, le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) et l'Armée de libération du Soudan (ALS), le 23 août à Abuja (Nigeria), pour trouver une solution politique à la crise.