Clochardisation d'un côté, manque d'infrastructures d'un autre, et agression quotidienne des plages, notamment par la mafia du sable sont autant de raisons qui freinent le développement du secteur. Que faire ? Une bande de littoral qui s'étale sur 120 km et se distingue par la magnifique corniche avec ses 18 plages, criques, îles et îlots se succédant dans un cadre verdoyant. C'est l'ensorcelante Jijel, avec un arrière-pays pittoresque dominé par une chaîne montagneuse, qui constitue un véritable balcon sur la mer et de grandes étendues forestières dont le parc de Taza, d'une superficie de 50 000 ha, recèle une faune et une flore riches et diversifiées et où on peut découvrir les fameuses Grottes merveilleuses. La route, qui mène de Jijel jusqu'à Béjaïa, laisse le visiteur admiratif devant la beauté de la nature. Béjaïa, ville des lumières, dont toutes ses communes occupent à leur tour une position géographique privilégiée. La wilaya s'étend sur une superficie de 3 262 km2 dont 75% en zone montagneuse et jouit d'une façade maritime de 100 km. Les 32 plages de la wilaya, dont 29 sont autorisées à la baignade, contribuent à accorder à la région une vocation balnéaire. La nature est d'une générosité extrême. Grâce à elle, on peut développer toute sorte de détente tels le tourisme vert, le thermal et pourquoi pas la chasse touristique. Ce n'est pourtant pas le cas. Souvent, l'on avance l'aspect sécuritaire pour Jijel ou encore l'instabilité qu'a connue la Kabylie en général, ces trois dernières années. Une argumentation qui doit, certes, valoir son pesant d'or, mais qui ne peut en aucun cas expliquer l'échec de toute une politique. La visite de Kara Mohamed Seghir, ministre du Tourisme en tournée, lundi et mardi derniers à Béjaïa et Jijel, a mis le doigt encore une fois sur les lacunes du secteur, la nécessité de protéger nos sites et la pertinence de développer le tourisme avec de nouvelles orientations économiques. La visite au complexe des Hammadites confirme de plus en plus l'urgence de revoir sa copie en matière de gestion des infrastructures hôtelières. M. Kara n'a eu de cesse de répéter, depuis son arrivée à la tête du secteur, qu'il n'est plus question pour l'Etat de construire des établissements hôteliers ou de les gérer. Cela doit supposer l'amorce d'une politique de privatisation seule à même de développer une véritable industrie touristique. Cela suppose aussi une certaine prudence pour éviter le cas de Jijel. La notion d'ouverture ou de privatisation dans cette wilaya a attiré de pseudo-investisseurs qui se sont transformés en marchands de sable. Sur les 27 projets d'une capacité théorique de 2 395 lits, 19 projets sont à l'arrêt et 8 avancent à un rythme très lent. Cette situation s'explique par l'absence de promoteurs, les contraintes et financements bancaires qui se limite à des prêts à court et moyen terme alors que ce type d'investissement nécessite des prêts à long terme, les difficultés rencontrées par certains promoteurs pour l'achèvement, la poursuite ou la relance de leurs projets (en situation d'abandon pour raison sécuritaire). Mais si pour Jijel se pose un manque cruel d'infrastructures, Béjaïa, quant à elle, est soumise à des constructions anarchiques et des bicoques qui pullulent de manière à clochardiser les rivages. Ce qui se passe tout le long de Tichy, est un exemple édifiant. À chacune de ses sorties, le ministre insiste sur la nécessité d'appliquer la loi sur le littoral dans toute sa rigueur et de cesser avec ces pratiques qui nuisent aussi bien au tourisme qu'à l'économie du pays. Pour cela, il est exigé des études minutieuses et des investisseurs sérieux et professionnels. À Saket (Béjaïa), l'Eplf a réalisé une série de constructions avec un cachet touristique. Ce n'est certes pas de cette manière que l'Algérie va développer une politique touristique qui, aujourd'hui, doit orienter ses préoccupations vers un tourisme de masse et pourquoi pas de type interne. À ce propos, M. Belahmer, directeur du tourisme dans la wilaya de Béjaïa, a posé la problématique des agences de voyage. Ces dernières doivent se réveiller de leur léthargie et se vouer à leur vocation, à savoir la promotion du tourisme. N. S.