À l'instar du désormais tristement célèbre jeudi 9 octobre 2003, qui vit le MCO s'auto-humilier devant toute l'Algérie du football en perdant par forfait, à Bel Abbès et face au NAHD, un match qu'il voulait “doublement” jouer, ce mercredi 14 juillet 2004, restera gravé à jamais dans la mémoire collective mouloudéenne comme “le mercredi de la honte”. Un “black wednesdey” que l'histoire retiendra malgré elle comme étant “le” jour qui consacra le MCO, club apparemment maudit, “bide incontesté de l'année 2004”. Ce qui s'est passé mercredi en fin de journée à la Maison de jeunes de la rue Miraucheaux est, en effet, à mettre dans la case “scandale à ciel ouvert”, tant l'anarchie, le ridicule, la bétise humaine, la cupidité, la malhonnêteté, l'abus de pouvoir ou encore le “m'as-tu vu” prirent le pas sur le censé, reléguant au second, ou plutôt à l'arrière-plan, les vraies valeurs de fair-play et de sportivité que devaient, en temps normal, “véhiculer” cette AG élective. C'était pourtant l'une des rares, sinon la première fois, que l'ensemble de la grande famille oranaise du MCO, toutes générations confondues, était présent, avec comme idée et velléité commune : élire légalement son président pour les quatre années à venir et en finir, une fois pour toutes, avec ces querelles et guerres intestines qui n'ont fait que fragiliser le prestigieux club d'El-Hamri. Retour, en détail sur ce qui s'apparente à une “vraie” parodie d'une “fausse” AGE. Mercredi, 16h30. Face à l'entrée principale de la maison de jeunes Maouad-Ahmed, une foule immense par rapport à l'exiguïté de la rue Miraucheaux, attend, avec impatience, de prendre place dans la salle de conférences. Bengaraâ au milieu des “siens” En attendant, les curieux passants pouvaient voir, de près, presque toutes les figures emblématiques du club Rouge et Blanc, réunies côte à côte. Freha, Beddiar, Kechra, Sbaâ, Benmimoun, Cherif El-Ouazzani, Chergui, Medjahed, Chaïb, Belabbès et une kyrielle d'autres “anciens” se mêlaient aux autres membres de l'AG, qui formaient bloc autour du... candidat Belkacem Bengaraâ. Flanqué de son ami d'enfance et “conseiller”, maître Mohamed Bendjelloul, l'ex-président asémiste constatait, sur le terrain, la présence en force des membres acquis à sa cause. C'était bien plus qu'une évidence qui sautait aux yeux, une certitude. Les pro-Bengaraâ étaient nombreux. Beaucoup plus nombreux que les proches de Meziane ou encore de Kalaïdji, qui, se tenant près de la porte d'entrée de la Maison de jeunes, ne représentaient même pas un tiers de leurs “opposants”. Il était un peu plus de 17 heures, lorsque presque tous les regards des présents, informés ou plutôt alertés par une voix anodine, se tournèrent vers la gauche de ladite porte d'entrée. Des invités, pas comme les autres, sont arrivés. Une dizaine de joueurs de l'équipe fanion a tenu, en effet, à marquer de sa présence cette assemblée. “Car, elle va déterminer notre avenir”, dira le gardien Réda Acimi, qui était accompagné de Boukessassa Moumen, Chaïb, Mimi, Bendida, Hamidi, Rihi, Gaïd et Bermati. Ayant surtout voulu “confirmer” leur soutien au candidat Bengaraâ, les sociétaires de l'équipe seniors affichent clairement leur souhait. “On espère de tout cœur que Meziane soit déchu et que Bengaraâ soit élu. On n'a pas peur de le dire. On veut que le dernier nommé soit notre président, car Meziane nous a trompés et menés en bateau. C'est nous qui nous battions sur le terrain, sans avoir encaissé notre dû et lui affirme que c'est lui qui a sauvé l'équipe. Il ne peut pas nous régulariser, alors qu'il laisse sa place à plus compétent que lui. Et pour couronner le tout, il a révélé à certains de ses proches qu'il comptait libérer douze joueurs pour insuffisance de rendement ! La vérité, c'est qu'il n'a pas digéré le fait que nous soutenons Bengaraâ, alors il menace de représailles. En tout cas, si par malheur il était réélu, aucun joueur de ceux qui sont ici, sans parler des autres qui partagent notre avis, ne rempilera”, nous confia l'un d'eux. Le ton est donné et paraît être partagé par une bonne partie des présents. “L'opposition” se sent renforcer qualitativement. Meziane, l'huissier et la… DJS Celui dont tout le monde, ou presque, parlait arriva enfin, en compagnie de son bras droit, Chelouchi Mohamed. La première chose qu'il fera est d'aller saluer “ses” joueurs. Grosse erreur, puisque hormis Réda Acimi, qui le regarda droit dans les yeux, la plupart d'entre eux se contenteront d'une poignée de main très “froide”. Comme les représentants de la DJS ainsi que les trois candidats présents, les portes de la Maison de jeunes pouvaient s'ouvrir aux membres de l'AG. Il n'en fut rien pour la simple et bonne raison qu'à l'abri des regards des membres de l'assemblée, une véritable et rude bataille “d'arguments” faisait rage entre Meziane Mourad, “son” avocat et “son” huissier de justice d'un côté, et les représentants de la DJS de l'autre, pour savoir quelle liste de membres allait être prise en considération. Le président sortant avait en sa possession une liste qui ne comprenait pas le nom de Bengaraâ, alors que les représentants de la DJS avaient apporté avec eux la liste “officielle”, autrement dit, celle de l'AG élective du 11 décembre dernier, celle-là même qui a plébiscité… Meziane ! Après plus d'une heure de palabres, les représentants de la DJS quittent les lieux. Stupeur et interrogation de la “foule” qui, restée dehors, se doutait bien que quelque chose de pas claire se “concoctait”. Une rumeur, laissant croire que les représentants de la direction de la jeunesse et des sports étaient aller chercher la liste des membres puis revenir au plus vite, a fini par calmer les pro-Bengaraâ pour… une quinzaine de minutes seulement. Les révélations faites quelques instants après le départ des gars de la DJS par un membre de la commission de candidature sur “ce qui s'est réellement passé” ont, en effet, soulevé l'indignation des anciens joueurs et autres membres qui ne trouvèrent meilleure façon d'exprimer leur “refus d'un probable complot” que de scander, en chœur, “Bengaraâ président ! Bengaraâ président !” L'heure affichait presque 19h. Pendant ce temps, à l'intérieur de la salle des conférences, Meziane tenait “son” AG ! Une commission chargée du suivi des élections composée à la va-vite par trois membres de l'AG que sont Ghout Ahmed, Belaskri Hammou et Hamida Yahia Abed, deux huissiers de justice, maîtres Djallil Noureddine et Farik Ali, ainsi que trente-trois votants sur les trente-neuf personnes présentes toutes acquises au président sortant, expédièrent ainsi, en un temps record et presque dans la clandestinité, puisqu'en l'absence de tout représentant de la DJS, un scrutin qui plébiscitera sans surprise aucune Meziane Mourad avec trente-deux voix pour, contre une seule abstention. Un vote, pour le moins que l'on puisse dire, très bizarre dans la mesure où, en l'absence injustifiée des bulletins nominatifs des candidats, les votants durent… écrire, au stylo, et au verso des… tickets d'entrée (sic !) le nom du candidat qu'ils souhaitent élire. Un candidat nommé Meziane étant donné que Bengaraâ n'était pas parvenu à entrer, alors que Hassène Kalaïdji s'est retiré “du scrutin”, car considérant cette “AG élective comme non valable en l'absence des représentants de la DJS, qui représentent l'autorité”. Un vote au… stylo, “taillé” pour Meziane Meziane s'est donc offert un plébiscite, chose qui a fortement choqué “l'autre partie”, qui, loin de s'avouer vaincue, a décidé d'adresser un recours à qui de droit. Mais pour l'heure, la question qui taraude tous les esprits des membres de l'AG qui sont restés en dehors est de savoir si cette AGE va être validée. Une interrogation que nous avons jugé utile de poser à M. Tahar Boussoufi qui n'est autre que le chef du service “sports” de la DJS d'Oran. Très lucide dans son analyse, le dernier nommé nous dira, en substance : “Ce problème est né d'une mésentente avec l'huissier de justice qui accompagnait Meziane. On n'était pas d'accord sur la liste des membres de l'AG. L'huissier de justice voulait coûte que coûte imposer sa propre liste, sur laquelle le nom de Bengaraâ ne figurait pas. Quant à nous, les représentants de la DJS, avions en notre possession la liste de l'AGE de décembre 2003 qui a élu Meziane. Personnellement, je ne peux pas et je ne pourrai jamais cautionner cela. Je ne peux, toutefois, pas me prononcer sur sa validation ou non dans la mesure où tout dépendra des services de la wilaya, plus précisément de la Drag, qui est seule habilitée à trancher dans ce genre d'affaires. Il me semble, cela dit, que les gens ne peuvent pas exclure quelqu'un comme ça, comme ils voulaient le faire avec Bengaraâ étant donné qu'il fait bel et bien partie des membres de l'AG. Pourquoi l'exclure alors ? Je ne comprends vraiment pas. De plus, c'est l'AG et elle seule qui peut décider d'un changement. À la DJS, nous sommes surtout déçus par ce qui est arrivé. C'était la première fois qu'on y allait avec un staff élargi, composé d'inspecteurs, de techniciens et de chefs de bureaux. Comme cela ne s'est pas passé dans les règles, nous avons préféré partir. Car, à mon avis un huissier de justice ne doit être là que pour observer. Il ne doit imposer rien à qui que ce soit, et surtout ne pas être l'exécutant d'un changement. Malheureusement, cela s'est produit, chose que je ne pourrai jamais cautionner...” Bendjelloul : “Les règles ont été bafouées !” Des déclarations qui vont dans le sens de celles de maître Mohamed Bendjelloul, qui, en sa qualité d'ex-premier vice-président du directoire et membre de l'AG du MCO, a tenu à dénoncer le “triste spectacle” qu'il “a vécu ce mercredi 14 juillet” dans un long communiqué dont Liberté a obtenu une copie. Ainsi, et après avoir rappelé “aux rédacteurs d'un tract portant atteinte à l'honorabilité de M. Bengaraâ” et lui “demandant de se retirer” que c'est “grâce au directoire que le MCO a relevé la tête”, maître Bendjelloul dressera un sévère réquisitoire contre Meziane qui, d'après le communiqué, “s'est fait proclamer président du MCO par un conclave et au détriment des textes”. “Il s'est arrogé le droit de confectionner une deuxième liste des membres de l'AG du MCO en excluant de cette dernière M. Bengaraâ, alors que ce dernier figure bel et bien sur la liste officielle déposée à la DJS, les deux huissiers présents n'ont pas la qualité pour valider ou invalider ni donner une prédominance d'une liste sur l'autre car un contentieux est né et ne pouvait être solutionner que par l'administration de la DJS, leur présence ne pouvant influer sur le déroulement des élections car ils n'étaient pas mandatés par ordonnance du président du tribunal aux fins de présider l'AGE, et le départ des fonctionnaires de la DJS ainsi que celui des membres de la commission chargée des élections rendaient caduque cette AG, car aucune personne officielle n'a invité les membres de l'AGE à pénétrer dans la salle”, autant de points non conformes aux règles et lois régissant les associations sportives relevés par l'ex-vice président Khaled Belarbi. “Constatant les violations des dispositions prévues dans les articles de la loi 90/13, dans ses articles 13, 14, 15, 17 alinéas 1 et 2, les articles 18 et 24 de cette même loi ainsi que les dispositions prévues dans le statut type du club amateur sportif de la circulaire n° 3 du 6 juin 1996 relative au renouvellement des instances des structures sportives”, l'auteur dudit communiqué souhaite “que les instances sportives attachent une attention toute particulière afin de faire respecter les textes et règlements en vigueur et mettre fin à cette mascarade afin de préparer toutes les conditions adéquates pour que les suffrages des urnes seulement puissent élire le président du MCO”. Les deux tiers s'activent déjà... Même son de cloche du côté d'El-Hamri, où l'on n'a toujours pas compris ce qui s'est réellement passé, mais où l'on semble décidé à ne pas se laisser faire. “On ne veut pas voir un scénario catastrophe dès le début du championnat avec tout ce que cela risque d'engendrer comme violence. Les autorités concernées sont donc interpellées pour régler cette affaire avant que le pire arrive”, nous dira un ex-membre du comité directeur avant d'être rejoint par un ancien joueur qui nous révéla qu'“une pétition signée par plus des deux tiers des membres de l'AG ainsi qu'un recours vont être déposés en début de semaine au niveau de la DJS. On veut que cette dernière se saisisse et traite ce dossier dans les plus brefs délais car il y va de l'avenir du MCO...” Pas de doute, le “feuilleton MCO-2004” ne fait que commencer... A. K.