Les relations avec la future force européenne de défense, les échanges de renseignements et la levée de l'embargo sur les ventes d'armes dites “non offensives” devraient être les trois principaux dossiers au menu de la visite de Michèle Alliot-Marie aujourd'hui à Alger. Depuis quelques mois, les armées algérienne et américaine coopèrent presque comme celles de deux pays alliés. Echange de renseignements sur les groupes terroristes islamistes, vente d'armes modernes à l'armée algérienne, formation d'unités d'élite… Autre preuve de cette confiance, qui règne entre les deux pays, l'Algérie a été l'un des rares pays arabes à avoir été sollicité officiellement par les Etats-Unis pour prendre part à la force internationale de stabilisation en Irak. Mais contrairement aux Marocains, les Algériens n'ont toujours pas répondu à l'offre américaine. Grâce à cette coopération, Alger est régulièrement félicitée par Washington pour son rôle dans la lutte antiterroriste. Désormais, l'Algérie fait partie des pays que les officiels américains appellent les “partenaires fiables” des Etats-Unis dans leur guerre mondiale contre le terrorisme islamiste. Pour récompenser ces efforts, les Américains ont récemment vendu à l'armée algérienne une importante quantité d'armes sophistiquées, essentiellement du matériel de vision nocturne destiné à la lutte antiterroriste. D'autres contrats devraient suivre dans les prochains mois. De quoi inquiéter sérieusement le voisin marocain qui dénonce une course à l'armement dans la région. Mais pas seulement : les Français, qui considèrent l'Algérie comme leur zone d'influence stratégique, voient également d'un mauvais œil le renforcement de la coopération militaire entre Alger et Washington. C'est dans ce contexte que Michèle Alliot-Marie effectue une visite de travail de deux jours à Alger. Aux Algériens, elle confirme ce que le président français, Jacques Chirac, a déjà dit à plusieurs reprises à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Les Français souhaitent voir l'Algérie jouer le rôle de partenaire stratégique en Afrique du Nord de la future force européenne de défense que la France compte mettre en place rapidement pour contrer l'influence de la superpuissance américaine. Une telle démarche permettrait d'équilibrer les rapports de force dans la région du Maghreb, le Maroc ayant déjà le statut de partenaire stratégique hors Otan des Etats-Unis. En attendant, Paris et Alger devraient annoncer la signature d'un accord de défense. Grâce à cet accord, la France renforcerait sa coopération avec l'Algérie en matière de renseignements et lèverait l'interdiction de vente d'un certain type d'armes dites “non offensives”. Mais si le premier point est une réponse positive à une demande formulée de longue date par les Algériens, la seconde annonce devrait surtout permettre aux groupes français d'armement de signer d'importants contrats avec l'armée algérienne. Car, avec des réserves de change de près de 40 milliards de dollars, Alger, qui vient de sortir d'un isolement international, qui a duré plus de 10 ans, s'apprête à débourser plusieurs milliards pour moderniser son armée. L. G.