Le mois de juillet 2004 traduit, à bien des égards, le réchauffement des relations algéro-françaises Le chef de la diplomatie française Michel Barnier est attendu, aujourd'hui à Alger où il doit effectuer une visite de travail de deux jours. Dans une déclaration à l'APS à la veille de sa visite, M.Barnier a indiqué que «le traité d'amitié entre Paris et Alger, dont les négociations sont en bonne voie, pourrait être conclu l'année prochaine consolidant ainsi le partenariat stratégique» par les présidents Bouteflika et Chirac. Un traité «visionnaire», a-t-il dit, qui devrait cadrer l'ensemble des relations franco-algériennes. Après donc une période de convalescence, les relations algéro-françaises sont en train de traverser une étape décisive dans l'histoire, souvent agitée, des deux pays. Aujourd'hui, les quiproquos semblent être dépassés pour laisser place à la sérénité avec l'arrivée de deux hommes, aux visions modernistes et futuristes. Ayant, en effet, compris que seul l'intérêt commun doit primer, le contexte de la mondialisation aidant, Bouteflika et Chirac ont décidé de remettre les choses en place et mettre de côté, une fois pour toutes, sans pour autant les oublier les passions du passé. Cette volonté politique d'opérer une fois pour toutes la rupture, décidée en 1999, se traduit sur le terrain par des actions concrètes où la place n'est plus aux belles phrases mais uniquement aux actes. Maintenant que les choses ont été aplanies, il est temps de réfléchir à l'édification d'un véritable partenariat d'exception devant déboucher sur un traité d'amitié à la hauteur des attentes des deux peuples et des liens multiples unissant les deux pays. C'est dans cette optique qu'intervient la visite à Alger en l'espace de quinze jours de trois poids lourds du gouvernement Raffarin, Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, et Nicolas Sarkozy, ministre de l'Economie et des Finances. Cette série de visites devrait être clôturée par Dominique de Villepin dont la venue serait attendue pour le début du mois d'août prochain. Mais la boucle de ce ballet diplomatique entre Alger et Paris sera bouclée avec la visite du Président Bouteflika, invité par son homologue français, à assister à la cérémonie internationale prévue le 15 août sur le porte-avion Charles de Gaulle devant célébrer le 60e anniversaire du débarquement allié en France. Cette nouvelle démarche dans les relations entre les deux pays traduit, également, toute la volonté d'Alger et de Paris à jeter un nouveau pont entre les deux rives. De ce fait, ces échanges bilatéraux illustrent le réchauffement des relations algéro-françaises tel que souhaité et conformément aux voeux et à la volonté des deux chefs d'Etat, qui ont appelé à une totale «refondation» des relations entre les deux pays. Celle-ci s'est concrétisée dans la réalité par une coopération de plus en plus féconde. Familier des dossiers européens pour avoir été ministre chargé des Affaires européennes dans le gouvernement Juppé et commissaire à Bruxelles, Michel Barnier devra oeuvrer avec son homologue algérien pour relancer le partenariat entre Alger et Paris tout en préparant de nouvelles étapes des relations bilatérales, conformément à la déclaration d'Alger, signée en mars 2003 par Bouteflika et Chirac, dans laquelle les deux pays déclarent avoir convenu, «sans oublier le passé, de jeter les bases d'une relation globale forte, confiante et résolument tournée vers l'avenir». La question de la libre circulation des personnes sera forcément au menu des discussions. La venue de Barnier sera une autre occasion pour les autorités nationales de soumettre à examen les conditions de séjour de l'importante communauté algérienne en France. Le volet sécuritaire sera sûrement soulevé au cours des entretiens d'autant plus que les deux parties ont à coeur d'éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes. Par ailleurs, depuis la relance du dialogue politique bilatéral en 1999, les deux pays se sont concertés sur toutes les questions d'ordre régional et international. Qu'il s'agisse de l'Irak, du Proche-Orient, de la mondialisation ou du processus euro-méditerranéen, les deux capitales ont toujours accordé leurs violons au même diapason, même si la question sahraouie n'est pas perçue de la même façon par les deux pays. Des dossiers et tant d'autres que MM.Belkhadem et Barnier ne manqueront pas d'aborder lors de leur conférence de presse conjointe, demain à Djenan El Mithaq.