Le Rwanda a activement soutenu un soulèvement de soldats dissidents en République démocratique du Congo (RDC), le mois dernier à Bukavu, selon un projet de rapport rédigé par des experts de l'Onu. Kigali a aidé à recruter des combattants pour soutenir le soulèvement dirigé par deux officiers séditieux, le colonel Mutebutsi et le général Nkunda ; ce dernier a embrasé cette région frontalière avec le Rwanda, obligeant ses populations à prendre les chemins de l'exil. La violation d'un embargo militaire, décidé l'an dernier par l'Onu a même ranimé la peur de voir resurgir le génocide du Rwanda, dont les cicatrices ne sont pas entièrement fermées en dépit de jugements prononcés par un tribunal international et de la volonté des autorités de Kigali de tourner la page. Citant un soutien direct et indirect, à la fois en RDC et au Rwanda, apporté par Kigali au soulèvement de Bukavu, les experts onusiens affirment que “le Rwanda, qui a de légitimes inquiétudes de sécurité dans l'est de la RDC, continue à y jouer un rôle déstabilisateur”. La ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, était tombée du 2 au 9 juin dernier entre les mains d'un groupe de soldats dissidents, après une semaine de combats avec les troupes loyalistes des Forces armées de la RDC. Les autorités de Kinshasa avaient accusé ouvertement le Rwanda d'avoir soutenu des soldats dissidents dans la prise de la ville de Bukavu, frontalière avec le Rwanda. Le Rwanda a également été pointé du doigt par le Conseil de sécurité de l'Onu et l'Union européenne (UE) pour son soutien présumé aux soldats dissidents. L'Union africaine, pour sa part, tente de déjouer l'irréparable en encourageant les protagonistes à de meilleures intentions. Pour l'Onu, la région rwandaise du Cyangugu est toujours utilisée par les milices de Nkunda comme une base arrière pour des opérations militaires, et au lieu de désarmer ses forces, comme il l'a prétendu, le Rwanda leur a accordé refuge. Pourtant, un accord de paix avait été conclu le 30 juillet 2002 entre la RDC et le Rwanda, selon lequel, Kigali s'engageait à retirer ses troupes de l'est de la RDC, Kinshasa promettant en contrepartie de rapatrier au Rwanda les ex-Forces armées rwandaises (FAR) et des miliciens hutus impliqués dans le génocide rwandais de 1994. L'armée rwandaise a soutenu militairement, en envoyant des troupes, des mouvements rebelles dans la RDC voisine, lors des guerres de 1996-97 et 1998-2003. Entre 1998 et 2003, la guerre dans l'ex-Zaïre a impliqué plusieurs pays africains, notamment l'Ouganda, qui soutenait les rebelles luttant contre le gouvernement de Kinshasa. R. I.