Les autorités irakiennes peuvent souffler en ce qui concerne leurs frontières avec la Syrie et l'Iran. Elles ont obtenu de la part de Damas et Téhéran des engagements pour le contrôle de leurs frontières avec l'Irak. Le nouveau régime de Bagdad, sous protection américaine, a obtenu de ses voisins de fermer leurs frontières aux éléments armés qui cherchent à le déstabiliser. On ne sait pas trop en quoi consiste cet engagement mais, c'est là une première condition à un rétablissement de la sécurité en Irak. Avant l'ouverture mardi dernier au Caire d'une réunion des voisins de l'Irak, le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a réclamé une coopération effective et pas seulement dans les mots de la part de ces pays pour empêcher les infiltrations de combattants à travers leurs frontières. Les participants à la réunion ont fait savoir que le message est reçu cinq sur cinq, soulignant le lendemain la nécessité de liquider les groupes armés terroristes opérant en Irak et dans la région, qui constituent un grand danger pour l'Irak et les pays voisins. Le Premier ministre irakien Iyad Allaoui poursuit d'ailleurs sa tournée dans la région pour insister sur ce point. Le processus politique ne pourra pas aller de l'avant en Irak si la sécurité ne se matérialise pas, estime Abdel Wahab Al-Qassab, qui dirige le centre Azzaman d'études stratégiques à Bagdad, cité par l'agence de presse française. Or la sécurité en Irak exige l'indispensable neutralité de ses voisins, voir leur collaboration active pour ne plus alimenter la résistance terroriste de l'extérieur. Les Etats-Unis soupçonnent la Syrie et l'Iran de fermer les yeux sur les entrées et sorties de terroristes à leur frontière avec l'Irak. Certains pays arabes et l'Iran ont intérêt à utiliser l'Irak comme élément de leur politique étrangère et à ouvrir leurs frontières aux combattants hostiles au pouvoir irakien, note l'analyste d'origine algérienne Hasni Abidi, cité par la même agence étrangère. Pour la Syrie et l'Iran, cela leur permet d'occuper sans fin les Etats-Unis avec le dossier irakien, explique-t-il. Pour Abidi, ces deux pays utilisent le dossier irakien dans leurs négociations avec les Etats-Unis. La Jordanie, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, eux, n'ont pas ce genre de préoccupations car sérieusement menacés par leurs propres islamistes radicaux. Sans cela, ces pays auraient certainement fait jouer tout leur poids pour soutenir en Irak les sunnites les plus radicaux et barrer de la sorte la route à l'influence de l'Iran chiite et contester l'exclusivité du pouvoir des chiites dans un Irak pacifié. Les régimes du Golfe sont convaincus que l'alchimie de la transition concoctée par Washington et appuyée par la communauté internationale, y compris la Ligue arabe et l'Oci, ne laissera pas les chiites s'emparer de tout le pouvoir. Sur le terrain, la situation n'a pas évolué. Le cycle infernal d'attentats et d'enlèvements auxquels répondent des frappes américaines se poursuit en Irak. Pour la première fois dans une longue série d'enlèvements depuis le printemps, un diplomate, l'Egyptien Mohamed Mamdouh Kotb, a été enlevé vendredi par un groupe jusqu'là inconnu qui exige que l'Egypte revienne sur sa proposition de venir en aide aux forces de sécurité irakiennes. Sept chauffeurs de camions, trois Indiens, trois Kenyans et un Egyptien ont, par ailleurs, été enlevés par un autre groupe inconnu, “Les drapeaux noirs”, encouragé par le succès de l'épisode philippin. Manille a, en effet, retiré plus vite que prévu son petit contingent, contre la libération d'un otage philippin, provoquant la colère de Washington. À ces enlèvements et aux attentats qui ensanglantent Bagdad et les autres régions d'Irak, l'armée américaine répond par des raids contre les repaires supposés des insurgés. À Washington, le département d'Etat a annoncé que le secrétaire d'Etat Colin Powell se rendrait dans la semaine du 26 juillet en Egypte, en Arabie Saoudite et au Koweït pour discuter de l'Irak et du processus de paix au Proche-Orient. D. B.