C'est un véritable SOS que l'Algérie, la Libye, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Mali ont lancé à l'adresse de la communauté internationale. Certes, cet appel pressant a été fait par le sous-directeur de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO), M. Joseph Tchikaya, à l'occasion de la réunion régionale sur la lutte antiacridienne regroupant les ministres de l'Agriculture des neuf pays africains qui s'est ouverte, hier, à la résidence El-Mithaq (Alger). Tous les représentants des 9 pays partagent ce cri de détresse. Y compris le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, présent à la cérémonie d'ouverture en compagnie de plusieurs ministres (Yazid Zerhouni, Abdelaziz Belkhadem, Rachid Harrouabia,…), des ambassadeurs des pays concernés et des représentants d'organisations internationales comme la FAO. En effet, Ahmed Ouyahia a affirmé, dans son allocution d'ouverture, que “l'Algérie partage les cris d'alerte lancés par la FAO à la communauté internationale”. Et d'émettre le vœu : “L'unification de nos voix permettra de porter le message de détresse que nous lançons ensemble au reste de la communauté internationale pour nous apporter son assistance dès à présent.” Parce que la présente invasion acridienne est “source de très graves dangers pour les économies de tous les pays touchés et porteuse de sérieux risques de famine (…)”, Ahmed Ouyahia a remarqué que la solidarité internationale “est interpellée face à une grave catastrophe naturelle” et doit donc s'exprimer dès à présent par l'apport d'un concours substantiel pour éradiquer ce fléau. Ceci dit, il estime aussi que la menace acridienne “interpelle notre sous-région pour la mobilisation collective de ses moyens et pour la mise en avant de nos traditions communes de solidarité”. Aussi, il a vu dans la réunion d'hier “une preuve concrète de notre conviction partagée que face à l'agression acridienne, le salut réside d'abord, pour nous, dans la solidarité et dans la conjugaison de nos efforts”. En parlant de la consistance de l'aide des pays donateurs à cet effort de lutte contre la menace acridienne, Joseph Tchikaya l'a jugée “en deçà de nos espérances”. Sur un besoin de 80 millions de dollars, seul 9 millions sont mobilisés dont 2,5 millions sont des fonds de la FAO. Ainsi, il a profité de la réunion d'hier pour “relancer un appel pressant”, aux pays donateurs “pour une urgente et conséquente aide en faveur de la campagne antiacridienne”. “D'octobre 2003 à ce jour, quelque 6 millions d'ha sont traités. Mais la menace persiste toujours”, a-t-il expliqué. Intervenant devant ses pairs lors d'une séance de travail, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a indiqué avoir “opté résolument pour une stratégie de lutte préventive pour éviter les effets néfastes des infestations et la mobilisation d'énormes moyens”. Si lui aussi considère qu'une aide internationale est la bienvenue, il semble plus chaud pour une coopération régionale qui doit “s'inscrire résolument dans le cadre d'une démarche alliant le pragmatisme de la lutte à une vision prospective d'envergure”. Par conséquent, il a mis à profit la réunion d'hier pour lancer “un appel solennel à une coopération plus dense entre nos pays”, et proposer “la mise en place d'un véritable dispositif opérationnel et efficace de lutte contre le criquet pèlerin”. Pour sa part, le ministre marocain de l'Agriculture a proposé la mise en place d'un plan d'action de lutte contre le criquet s'étalant sur 6 ans. Ceci dit, tous les ministres ont insisté sur la nécessité d'une meilleure coordination des efforts et surtout l'urgence d'une aide internationale pour éradiquer le fléau, vu les limites des moyens dont disposent leurs pays respectifs. A. C.