La douane chypriote a confirmé que la filière opère sous de fausses déclarations sur la valeur et le poids des conteneurs et qu'une banque américaine a joué le rôle d'intermédiaire. Le scandale des exportations frauduleuses de déchets ferreux et non-ferreux n'a pas encore dévoilé tous ses secrets. Il s'étend aujourd'hui aux centraux téléphoniques usagés. Plus grave, pour vendre illégalement le cuivre et l'aluminium très demandés à l'extérieur, ces installations désossées sont exportées vers Israël. Ce trafic découvert par la douane algérienne a été confirmé par la douane chypriote qui, sollicitée, a répondu favorablement à la demande algérienne, se conformant aux règles internationales d'assistance mutuelle de l'Omd, l'Organisation mondiale de la douane, a confié une source sûre du secteur des finances. C'est ce qu'on appelle l'authentification. L'affaire remonte à l'année 2002. “Une société de droit algérien détenue par un ressortissant originaire d'un pays arabe s'est spécialisée dans l'exportation de centraux téléphoniques vers Israël. Les premières opérations portent sur 200 conteneurs. Les centraux téléphoniques usagés sont achetés des Domaines de la manière la plus légale. La fraude consiste à déclarer le cuivre et l'aluminium à 10 fois leur valeur sur les marchés internationaux (fraude sur la valeur). Les quantités sur les documents sont bien inférieures à celles contenues dans les conteneurs (fraude sur le poids). La marchandise embarquée des ports algériens transite par Chypre avant d'étre écoulée en Israël. Une banque américaine a joué le rôle d'intermédiaire dans le dénouement de la transaction. Le différentiel entre le prix déclaré et le prix réel de la transaction est versé dans un compte off-shore. C'est ce qu'on appelle un transfert illégal de capitaux”, a ajouté la même sources. Dans la mesure où la Banque d'Algérie n'a pas demandé le rapatriement dans un délai de 120 jours de ces devises, selon la réglementation en Algérie. Sur les premières opérations, le préjudice est estimé à 20 milliards de centimes, soit 3 millions de dollars. Mais ce trafic se poursuit, confie la même source. Le plus grave dans l'affaire, c'est que le commerce de l'Algérie avec Israël est interdit. De surcroît, s'inquiètent des agents de contrôle, les conversations et les données pourraient être mémorisées et donner l'opportunité à ce pays de décrypter les messages. Ce qui pose un problème de séccurité. L'exportation frauduleuse de centraux téléphoniques n'est finalement qu'une partie de la partie immergée de l'iceberg. Le trafic sur les déchets de fer, de cuivre et d'aluminium porte sur plus de 2 000 conteneurs dont le préjudice au Trésor, pour uniquement la période 1994-1998, atteint au moins 30 milliards de dinars, soit plus plus de 400 millions de dollars. Sur une centaine d'exportateurs mis en cause, seule une poignée a fait l'objet de poursuites judiciaires. Dans la plupart des dossiers, ajoute la même source, la Banque d'Algérie n'a pas demandé le rapatriement des devises. Tous ces dossiers risquent de ne pas connaître de suites. Parce qu'ils vont tomber, dans les prochains mois, sous le coup de la prescription. N. R.