Le problème des accidents domestiques représente un véritable dilemme car ils touchent le plus souvent des enfants dont les organes et les tissus sont fragiles. Les brûlés par les produits caustiques tels que l'eau de Javel, l'esprit de sel et autres détergents constituent un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics et un drame pour les familles. L'Algérie débourse chaque année des sommes colossales pour leur transfert à l'étranger où ils subissent le remplacement de l'œsophage, une intervention lourde et coûteuse. Malgré la qualité du plateau technique, il y a un fort taux de mortalité parmi ces jeunes victimes qui même si elles s'en sortent, devront mener une vie de “handicapé lourd”. Les effets secondaires sont multiples : mauvaise haleine permanente, l'œsophage artificiel grandit vite et cela nécessite des interventions chirurgicales cycliques. Les chances de développer un cancer de l'œsophage malade laissé en place sont élevées. L'équipe médicochirurgicale du service de chirurgie pédiatrique de l'hôpital Nafissa-Hamoud à Hussein Dey, vient de mettre au point une technique qui permet à ces jeunes malades de guérir complètement et sans aucune séquelle, s'ils sont pris à temps. L'équipe du Pr Salem a réussi, en effet, à trouver le moyen d'introduire dans l'œsophage brûlé, un corticotulle (une sorte de tulle gras imbibé de corticoïdes). Ces pansements permettent à l'organe de cicatriser sans développer de sténoses. Après plusieurs introductions de corticotulle, des contrôles endoscopiques au début et à la cinquième et dernière séance, le jeune patient est autorisé à s'alimenter le plus normalement du monde. Il est clair en effet que durant toute cette période de soins, le patient est alimenté par une ouverture faite au niveau de l'estomac. Dans certains cas rares, deux séances de dilatation par voie endoscopique permettent de rétablir l'anatomie de l'œsophage. Cette technique prometteuse a fait déjà l'objet d'une communication lors du dernier congrès maghrébin de chirurgie qui s'est tenu à Marrakech en mai dernier. Les travaux de cette recherche seront publiés bientôt dans une revue spécialisée. À noter enfin que 886 cas de brûlures d'œsophage par ingestion de caustiques ont été recensés ces cinq dernières années. S. I.