La zone euro devrait connaître en 2004 une croissance meilleure que prévu mais elle doit procéder d'urgence à d'importantes réformes pour pouvoir faire face au vieillissement de sa population, a mis en garde, hier, le Fonds monétaire international. Même si “les perspectives à court terme de la zone euro se sont améliorées”, le Fonds n'en a pas moins noté dans son rapport annuel publié mardi, comme il le fait depuis de nombreuses années, “que des problèmes structurels qui existent de longue date doivent être traités”. Le FMI est un peu plus optimiste qu'au printemps. Il table ainsi sur une hausse de 2% du Produit intérieur brut contre 1,7% dans ses projections publiées en avril. Les administrateurs du Fonds s'inquiètent aussi du fait que “dans certains grands pays” la demande intérieure “reste molle”. Le taux de chômage devrait lui aussi être un peu moins élevé, à 8,9% de la population active, alors que l'institution prévoyait un taux de 9,1% au printemps. En revanche, l'inflation devrait elle aussi grimper un peu plus fort que prévu à 2%. En avril, le FMI voyait la progression des prix à la consommation en 2004 à seulement 1,7%. Dans l'immédiat, le Fonds estime également que la Banque centrale européenne (BCE) doit rester prudente avant de relever ses taux pour soutenir la reprise économique de la zone, qui reste dans l'ensemble à la traîne des autres grandes régions économiques, et que les gouvernements doivent revenir à une plus grande discipline budgétaire. “La politique monétaire devrait continuer à soutenir la reprise de la demande intérieure”, d'autant que les perspectives d'inflation sont bonnes, note le rapport du FMI, alors que la BCE s'est vu reprocher d'être trop prudente dans sa politique. Côté gouvernements, le Fonds reconnaît que dans l'ensemble, les politiques budgétaires ont été adaptées au ralentissement économique, au risque de creuser les déficits déjà importants. Mais pour les administrateurs, il est désormais temps “d'accélérer le rythme de la consolidation budgétaire”. Le Fonds note aussi que le creusement des déficits en particulier dans les grands pays, qui dépassent maintenant depuis plusieurs années les plafonds fixés par le Pacte de stabilité et de croissance, ont “clairement miné” la crédibilité de ce dernier. Sur le plus long terme, ils estiment que les politiques structurelles et budgétaires des pays de la zone euro manquent de force d'anticipation, notamment pour faire face au choc du vieillissement de la population. Dans cette perspective, ils jugent que “le problème structurel clé de la zone euro est d'augmenter la croissance à long terme, et en premier lieu en renforçant les incitations à travailler”. Pour faire face, le Fonds conseille donc de reculer l'âge de la retraite et de réformer les régimes d'avantages fiscaux. Cela doit être un “élément clé dans la stratégie de renforcement des systèmes sociaux dans la plupart des pays membres”, souligne le rapport. Mais il a aussi fait état de son “inquiétude” sur le manque d'allant en matière de réformes tout particulièrement des marchés du travail et des retraites. “Bien qu'il y ait eu des progrès concrets dans ces domaines, une certaine lassitude politique semble s'être vite installée, et les efforts sont très insuffisants au regard des réformes nécessaires”, particulièrement en terme d'incitations au travail.