Le FLN, c'est mon affaire ! », aurait affirmé le président Bouteflika à son directeur de cabinet. L'information, rapportée par Le Soir d'Algérie au mois d'avril dernier, précisait que Larbi Belkheir aurait confié à des proches que le 1er novembre prochain est la meilleure occasion de « mettre ce parti au musée ». Il n'était cependant pas le seul. Pratiquement, à la même période, Abderrazak Medjahed, alors porte-parole du FLN, avait lâché, devant la presse, que « Ali Benflis veut éviter au FLN d'imploser ou de terminer au musée ». Une option qui rappelle celle ayant prévalu juste après la révolte populaire d'Octobre 1988. Lorsqu'en 1989 l'Armée s'est retirée du comité central du FLN, nombreux sont ceux qui espéraient que ce parti symbole allait se retirer de la scène politique. Un parti qui constitue « un bien commun de tous les Algériens », martèlera, à maintes occasions, Bouteflika depuis 1999. Le défunt Mohamed Boudiaf n'en pensait pas moins. Il faut relever que le FLN n'a jamais été tenté par l'opposition. Bien que la charge symbolique de son sigle rappelle qu'il est dépositaire des valeurs de Novembre 1954, cette entité « fait pourtant partie du passé », estiment aujourd'hui la plupart des leaders des autres formations politiques. De ce fait, le débat actuel autour du sort réservé au FLN dépasse le contexte algéro-algérien. Si on suit avec attention la refondation des relations entre Alger et Paris, ce parti pourrait finir dans « un musée ». Des plaies cicatrisées Pas plus tard que lundi 16 août, Bouteflika avait reconnu que « les vieilles plaies sont bien cicatrisées » entre l'Algérie et la France, dans un message adressé à Chirac au lendemain de la célébration du 60e anniversaire du Débarquement de Provence (Toulon). Celui-ci avait rendu, à cette occasion, un hommage particulier aux Algériens ayant combattu contre les nazis durant la Seconde Guerre mondiale au point de décerner la croix de la Légion d'honneur à la ville d'Alger, « capitale de la France combattante ». Un geste qui conduira Bouteflika à considérer que « l'hommage rendu, avec plus d'un demi-siècle de recul (...), est aussi riche de promesses généreuses assurant à nos jeunes générations un avenir de paix et de fraternité ». Le FLN s'apprête justement à célébrer, le 1er novembre prochain, le 50e anniversaire de sa création. Est-il permis de parler de prescription pour des questions d'histoire ? L'avenir proche répondra à cette interrogation. Cependant, sur ce registre de « travail de mémoire » et de concessions mutuelles, on ne peut oublier qu'au quartier général de l'ANP la Marseillaise n'avait pas retenti le 19 juillet dernier. Michelle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, allait, ce jour-là, s'entretenir, durant cinq heures, avec Bouteflika, en sa qualité de ministre algérien de la Défense. Un fait qui renseigne sur le peu d'attention qu'on accorde, des deux côtés de la Méditerranée, aux questions symboles. Coïncidant avec la visite de Chirac en mars 2003, le général à la retraite Khaled Nezzar, se confiant à La Gazette du Maroc, déclarait : « Pour nous Algériens, nous avons tourné la page depuis que nous avons atteint notre but en 1962. » Le FLN devait-il, finalement, arrêter sa mission à cette date-là ? En tout cas, lorsque Chirac s'était rendu à Alger en avril, il avait souhaité la conclusion entre la France et l'Algérie d'un « traité d'amitié » à l'égal du Traité de l'Elysée consacrant l'entente franco-allemande. Alors que le FLN a du mal à fixer la date de son 8e congrès, des négociations seront entamées en octobre prochain dans la perspective d'aboutir à un traité en 2005 entre Alger et Paris.