Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, effectue dimanche 9 et lundi 10 avril une visite officielle en Algérie au cours de laquelle il rencontrera son homologue algérien, Mohamed Bedjaoui, et sera reçu par le président Abdelaziz Bouteflika auquel il remettra vraisemblablement un message du président Jacques Chirac. Celui-ci avait adressé, le 22 mars dernier, un message au chef de l'Etat pour lui exprimer son entière disponibilité en vue de fixer la date d'une rencontre au sommet afin de conclure le traité d'amitié entre les deux pays, pacte en souffrance depuis plusieurs mois, du fait de l'adoption par l'Assemblée nationale française d'une loi glorifiant le rôle de la colonisation. Depuis la visite d'Etat de Abdelaziz Bouteflika en France, suivie de celle de Jacques Chirac en Algérie, on croyait que la refondation des relations entre les deux pays était bel et bien enclenchée et que plus rien ne pouvait la compromettre. Voire. Les manoeuvres de certains nostalgiques de la colonisation sont réelles et conséquentes, comme aussi le poids des rancoeurs au sein d'une large frange de l'opinion française. Il n'empêche, pour des raisons économiques autant que politiques, le rapprochement entre les deux pays doit se faire, contre vents et marées, et c'est ce dont les deux présidents sont pleinement conscients, convaincus et déterminés.Trop de rendez-vous manqués, trop d'occasions à peine saisies et aussitôt galvaudées ont malheureusement jalonné l'histoire commune, depuis 1962. Les plaies ont mis beaucoup de temps à se cicatriser mais, depuis 2001, il paraissait probant que la page des contentieux était définitivement tournée, même si les promesses de Paris demeurent nettement inconséquentes, comme c'est le cas, par exemple, en ce qui concerne la question des visas. La visite de Philippe Douste-Blazy se veut un pas de plus dans le sens du rapprochement effectif tant la France ambitionne, actuellement, d'approfondir ses relations avec l'Algérie dans tous les domaines. Il s'agira, à cette occasion, de chercher les voies et moyens de nature à faire progresser la coopération bilatérale, les deux parties étant appelées à cerner les domaines nouveaux susceptibles d'assurer une promotion des échanges économiques et techniques. Par ailleurs, le volet socioculturel devrait, lui aussi, préoccuper les négociateurs qui ambitionnent d'impulser au maximum la coopération conformément aux engagements exprimés dans la Déclaration d'Alger de mars 2003. A cet égard, le ministre français des AE visitera l'hôpital Mustapha et l'Ecole supérieure algérienne des affaires en même temps qu'il s'entretiendra avec des représentants de la société civile qui peuvent jouer un rôle important dans le partenariat d'exception escompté par les deux Etats. Philippe Douste-Blazy se rendra en outre au Mont-dore, cimetière qui bénéficie depuis 2005 d'une opération d'entretien, conformément au Plan d'action et de coopération conclu entre les deux pays. La délégation conduite par le ministre français des AE comprendra, entre autres, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, également vice-président du Sénat, et quand on connaît l'importance et le caractère privilégié des relations entre Marseille et Alger depuis de nombreuses années, on peut espérer que c'est là le meilleur augure quant à une saine et durable embellie de la refondation initiée par les présidents Bouteflika et Chirac.