Trois associations tiennent aujourd'hui une conférence de presse pour demander à ce que toute la lumière soit faite sur les disparus de la décennie terroriste. L'affaire des disparus continue à faire des vagues. Trois organisations, l'Association nationale des familles de disparus, SOS disparus et le Collectif des disparus, se sont exprimées, hier par voie de presse, la première pour dénoncer l'interpellation dimanche d'un de ses représentants au siège de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (Cncdpdh) et les secondes afin de protester contre la démarche de la Cncdpdh visant l'indemnisation des familles affectées par les fameuses disparitions, intervenues essentiellement durant la dernière décennie. Dans un communiqué transmis à la rédaction, les deux organisations font montre d'un grand scepticisme quant au contenu et à la finalité des consultations entamées depuis un mois par l'instance de Farouk Ksentini. Elles y décèlent une volonté sournoise d'enterrer ce dossier épineux grâce au dédommagement matériel des familles. “Les mères et épouses qui ont refusé d'être indemnisées se sont vu signifier que la commission convoquera un autre membre de la famille, plus coopératif”, déplorent les associations. Faisant écho des multiples plaintes, elles révèlent, par ailleurs, que les familles convoquées au siège de l'ex-Ondh ont signé au bas de questionnaires dont elles ignorent le contenu. “Ceux qui ont voulu obtenir une copie se sont vu opposer une fin de non-recevoir”, soutiennent les auteurs du communiqué. Ils assimilent ces formulaires à des décharges par lesquelles les familles abandonneront leur quête de la vérité. “L'établissement de la justice” est pourtant leur priorité. C'était aussi le leitmotiv du chef de l'Etat à son investiture, puis à l'installation du comité ad hoc, il y a une année. Or, force est de constater que ce comité a dévié de sa mission. À six mois de l'expiration du délai, qui lui a été imparti, il a non seulement échoué à retrouver les traces des disparus, mais se contente, aujourd'hui, de proposer réparation à leurs familles. Désigné à sa tête, le président de la Cncdpdh se limite encore à des présomptions. Lors de son intervention, il y a quelques semaines, au Forum du quotidien El Moudjahid, Me Ksentini a défoncé des portes ouvertes. Selon lui, si les disparitions sont le fait de groupes terroristes, elles impliquent également des éléments des forces de sécurité. Néanmoins, celles mettant en cause des agents de l'Etat relèvent à ses yeux “d'actes isolés”. “L'Etat est responsable mais pas coupable”, avait-il souligné. Sur la culpabilité des terroristes, il avait indiqué que des repentis ont été mis à contribution afin de localiser des charniers. Cette dernière déclaration a tôt fait de provoquer l'ire des associations susmentionnées qui soutiennent mordicus que les personnes portées disparues ont été interpellées par des éléments des forces de sécurité pour leur lien avéré ou présumé avec les groupes subversifs. La polémique ne s'arrête pas là puisque le nombre des disparus est également sujet à controverse. Selon Ksentini, 5 200 cas sont recensés. De leur côté, les associations parlent de 8 000. S. L.