Pour les associations Soumoud et SOS Disparus, la réconciliation passe par l'ouverture des charniers, l'identification des ossements et la désignation des coupables. Véritable écheveau inextricable, le dossier des disparus n'est pas près de connaître une solution définitive. Les familles refusent de faire leur deuil sans avoir fait toute la lumière sur la disparition de leurs proches. Plus exactement, sans avoir eu quelques petits ossements qu'elles enfonceraient sous terre de leurs propres mains. Car pour la grande majorité de ces familles, la vérité est celle qu'elles ont toujours criée haut et fort, à savoir l'implication des autorités dans la disparition de leurs proches. Pour eux, la vérité est connue, reste à trouver un os et une tombe en vue d'y enterrer leur chagrin. C'est, semble-t-il, la seule façon qui les aiderait à tourner la page et à faire leur deuil définitivement. Pour cela, deux associations de Disparus ont réclamé, hier, lors d'une conférence de presse, l'ouverture de tous les charniers. "Nous demandons à l'Etat d'ouvrir les charniers pour des raisons humanitaires et non pour des raisons politiques", lance d'emblée le président de l'association Soumoud. Selon M. Merabet, les autorités ouvrent des charniers pour des raisons politiques mais aucune suite n'est donnée. "Point d'enquête”. Les deux associations Soumoud et SOS-disparus exigent la présence des familles de disparus, le recours à des tests d'identification ADN et la poursuite des coupables. “Nous pourrons comprendre s'il y a eu malentendu, mais s'il s'agit de dépassements des forces de l'ordre, il faut qu'elles soient punies”, martèle M. Merabet. Et d'ajouter : “Il n'y a aucune volonté de la part des autorités de régler la question des disparus. Le comité ad hoc n'est que du bricolage”. Pour le président de Soumoud, le silence et la démission de l'Etat les ont poussés à mener leurs propres enquêtes en se tournant vers les révélations de terroristes et autres repentis. “Qui aurait cru que l'association irait jusqu'à accueillir des terroristes dans son propre siège ?”, lance M. Merabet avant de révéler que le comité de M. Ksentini a refusé de prendre en considération des révélations de repentis. “Les autorités nous réclament la liste des disparus pour garnir le rapport du comité”, poursuit-il. Abordant le volet des indemnités proposées dernièrement par le comité, les associations affirment que la plupart des familles ont refusé ce “marchandage”. “Le SG du comité trompe les familles en leur faisant signer un document sur l'indemnisation alors que verbalement il leur dit qu'il s'agit d'une simple aide sociale de l'Etat qui ne signifie aucunement qu'elles renoncent à leur revendication et combat”. Selon Mme Ferhati, le SG du comité ad hoc refuse de leur délivrer une copie du document. Abondant dans le même sens, Mme Akel, SG de l'association SOS-disparus dira que les familles ne sont pas prêtes de renoncer à leur combat “même si l'Etat tente d'étouffer le dossier des disparus”. Poursuivant donc leurs actions, les deux associations comptent organiser une marche le 5 octobre prochain. “Nous partirons de la présidence vers le siège des Nations unies à Hydra”, déclare Mme Ferhati avant de défier : “Nous marcherons avec ou sans autorisation des autorités. Personne ne nous a demandé l'autorisation avant de prendre nos enfants”. Pour clore la conférence, le président de Soumoud a tenu à souligner que la réconciliation nationale prônée par l'Etat ne peut être effective sans la satisfaction des revendications des familles de disparus. M. B.