Il était au bout du rouleau samedi soir. Il tenait difficilement debout. Zine Al-Abidine Saïd-Guerni, entraîneur et père de Djabir, était tout de même très lucide. Il a accepté la réalité et nous a fait le point sur la situation. Liberté : Vous êtes déçu par le résultat ? Zine Al-Abidine Saïd-Guerni : Et comment ne pas l'être ! C'est tout votre travail que vous voyez s'évaporer devant vous. Djabir, comme il le dit lui-même, est tombé sur plus fort que lui tout simplement. Pourquoi plus fort que lui ? Pour la simple raison que leur préparation a été plus conséquente. Contrairement à lui, ses adversaires ont disposé de tous les moyens, notamment scientifiques. Donnez-nous plus de détails sur ce point… Sachez par exemple que le rôle de l'entraîneur s'arrête à la fin de la séance d'entraînement dans les pays développés sur le plan sportif. Donc, à la fin de l'entraînement ou d'une compétition même, l'athlète passe directement sous la responsabilité du nutritionniste, du médecin, du kinésithérapeute, du psychologue et j'en passe. Moi ou un entraîneur algérien, nous ne disposons pas de ce système. Nous sommes obligés de continuer à jouer tous les rôles, qui ne sont pas les nôtres. En clair, c'est l'insuffisance de la prise en charge… Je ne me cache jamais derrière des faux-fuyants en cas d'échec. J'assume toujours. Ça n'a pas marché aujourd'hui pour diverses raisons que j'énumérerai dans le rapport détaillé que je transmettrai à la fédération d'athlétisme à mon retour à Alger. Mais nous sommes loin de rivaliser, sur le plan des moyens, avec certains adversaires de Djabir. Et la solution, selon vous ? La solution est tout indiquée. Il y a un système défaillant, il faut le changer et c'est tout. Nous ne pouvons plus continuer à bricoler. Si on veut des résultats de haut niveau, il est temps de mettre en place un système adéquat. Le cas échéant, contentons-nous du sport de masse. Moi, j'ai toujours refusé qu'on nous donne de l'argent directement pour effectuer la préparation. J'ai de tout temps demandé que l'on mette à notre disposition les moyens matériels et humains. Je l'ai dit à plusieurs ministres, notamment à M. Abdelmalek Sellal du temps où il était au MJS. Malheureusement, la procédure n'a pas changé. Et l'avenir ? Mon avenir est derrière moi. Je vous confirme que j'arrête définitivement. Mon état de santé ne me le permet plus. L'ambiance malsaine régnant dans le milieu de l'athlétisme n'est pas étrangère à ma décision. Votre décision est-elle irrévocable ? Je ne plaisante jamais dans ce genre de situation. Mon fils va devoir se trouver un autre entraîneur dès la saison prochaine. Moi, je tire ma révérence. K. A.