Les petites innovations introduites ici et là, quand bien même elles sont positives, ne répondent pas à l'urgence d'une réforme profonde du système éducatif. C'est aujourd'hui la rentrée scolaire. Ils sont 7 805 000 élèves, dont certains pour la première fois, à retrouver leurs pupitres. Comparée à celle de l'année dernière, marquée dès le début par la grève des deux syndicats autonomes, mais néanmoins non reconnus, le Cnapset et le CLA, la reprise des cours se présente sous des auspices sereins. Ce qui ne peut qu'agréer la grande famille de l'éducation que sont les responsables, les organisations de parents d'élèves, les élèves eux-mêmes et les enseignants qui avaient vécu, non sans malaise, cette grève de trois mois. Ce climat apaisé, même si les syndicats ne démordent pas quant à leurs revendications, ne peut que favoriser la mise en œuvre de la réforme. Car elle a du mal à démarrer, quand bien même les recommandations de la commission Benzaghou ne demandent qu'à être mises en application, tant elles sont pertinentes et proposent une thérapie idoine au malaise chronique de l'école algérienne. Cette année verra ainsi, l'enseignement du français en deuxième année primaire, en attendant que l'anglais soit, de son côté, enseigné à partir de la première année moyenne. Si pour le nord le problème ne risque pas de se poser, en revanche, les wilayas de l'intérieur du pays pâtiront certainement d'un déficit en enseignants de langue française. De nouveaux manuels seront également mis à la disposition des élèves de deuxième année et primaire et moyenne. Leur confection a été confiée à deux éditeurs qui ont fait leurs preuves dans le domaine, à savoir Chihab et Casbah Edition. Au registre des nouveautés, il y a lieu de pointer aussi les épreuves sportives qui deviendront, à partir de cette année, obligatoires aux examens du bac et du BEF. Une manière de la part des autorités de réhabiliter la pratique sportive dans les établissements scolaires, une matière souvent négligée par les élèves. Encore faut-il que les structures et autres moyens soient disponibles. Dans les zones rurales, où les établissements scolaires sont souvent situés loin des lieux de résidence, un effort sera fait en matière de transport, avec la contribution du ministère de la solidarité nationale. Concernant le passage en classe supérieure, la moyenne de dix sera désormais exigible, ce qui va certainement participer de l'effort de relever le niveau des apprenants. C'est dans le même objectif que s'inscrit l'appel du ministre de l'éducation aux enseignants, les conviant à reprendre les cours. Autant de mesures qui, par petites touches, visent à donner corps à la réforme qui entre ainsi dans sa deuxième phase. Mais le rythme et l'ampleur du changement du système sont longs, comparés à l'urgence que nécessite le grand chantier de la réforme du système éducatif. Il est vrai que les résistances, de la part de ceux qui ont fait de l'école algérienne un bastion générateur du conservatisme existent. Il faut sans doute aller plus vite et plus en profondeur, et c'est à ce prix que le challenge de modernisation de l'école algérienne sera réussi. Car cette année scolaire, qui coïncide aussi avec le cinquantième anniversaire du déclenchement de la révolution, doit être aussi celle de la rupture tant attendue. N. S.