Déjà en juin dernier, Boubekeur Benbouzid avait fait un premier rappel à l'ordre. Le ministère de l'éducation fait montre de sa volonté d'amener les établissements d'enseignement privé à se soumettre aux règlements définis par la loi, en attendant l'adoption prochaine d'un cahier des charges. “Ces établissements ont pour obligation de se soumettre aux textes existants et définis par le ministère, le moins que l'on puisse dire est que, dans l'état actuel des choses, ils sont bien hors la loi”, nous a affirmé, hier, au téléphone, un haut responsable du département. Ce responsable rappelle, par exemple, que la langue officielle du pays reste l'arabe, “de ce fait, les enfants inscrits dans les écoles privées ne peuvent en être dispensés”. L'autre aspect du problème concerne le module d'histoire, où est tout simplement enseigné le passé de la France, occultant celui du pays d'origine. “Ces écoles doivent se mettre vite en conformité avec la loi et appliquer le programme officiel de la République algérienne”, a ajouté notre source. D'autant que le ministère donne une certaine latitude quant à l'introduction de modules spécifiques (en matières artistique ou culturelle notamment), à la seule condition d'obtenir une autorisation des autorités officielles. Au mois de juin dernier, à Ben Aknoun (sur les hauteurs d'Alger), au cours d'une journée de travail avec les spécialistes du domaine — dont les responsables des établissements d'enseignement privé —, le ministre de l'éducation nationale, Boubekeur Benbouzid, avait fait un sévère rappel à l'ordre. “Je n'ai pas besoin de préciser que le programme établi par notre département prime, les écoles privées ont, au maximum, jusqu'à septembre 2005 pour se conformer totalement à la loi. Dans le cas contraire, nous agirons en conséquence”, avait-il averti. Le nombre global des écoles privées n'est pas connu. Il en existerait, selon certaines sources, une quarantaine, réparties essentiellement à travers cinq wilayas : Alger, Tizi Ouzou, Annaba, Oran et Béjaïa. En 2003, près de 25 000 élèves les ont fréquentées ; ceux de la première année primaire payaient encore entre 4 000 et 5000 dinars par trimestre. Le cycle d'ouverture de ces établissements a été entamé, à l'aube des années 90, par deux femmes dont Malika Greffou, pédagogue et ancienne conseillère au ministère de l'éducation, auteur d'un livre intitulé : L'école algérienne, de Pavlov à Ibn Badis. Elle fera par la suite partie de la Commission nationale de réforme du système éducatif (Cnrse), installée en 2000 et présidée par le professeur Benzaghou, recteur de l'université de Bab Ezzouar, à Alger. Des établissements ont continué à être ouverts sans que leurs statuts et leurs programmes soient homologués par le ministère. Il a fallu attendre mars 2004 pour qu'un décret exécutif (04-90) — portant conditions de création et d'ouverture des écoles privées — soit promulgué, amendant l'une des dispositions de l'ordonnance 75-36 d'avril 1976 sur l'enseignement public exclusif. Cela faisait suite à une décision du conseil des ministres de juillet 2003, relative à l'institutionnalisation de ce type d'établissements. Aujourd'hui, seuls Cuba et la Corée du Nord refusent leur création. L. B.