Les participants estiment que la coopération doit être élargie aux pays de l'Afrique subsaharienne concernés de près par ce fléau. Les dix pays riverains de la Méditerranée occidentale, les “5+5” (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal, de la rive nord, et Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie de la rive sud) se sont réunis ce week-end à Alger. C'est la troisième conférence du genre consacrée à la lutte contre l'immigration clandestine dans la région. Cette réunion de niveau ministériel, qui reste tout de même une rencontre informelle des ministres et des experts des pays concernés par ce fléau, a mis l'accent sur le dialogue, la coopération et le partenariat comme des moyens de lutter efficacement contre l'immigration clandestine, phénomène comportant de sérieuses menaces sur la sécurité de la partie occidentale de la Méditerranée. Cette thèse de la menace terroriste est surtout développée par les pays du Nord. Ce qu'a d'ailleurs tenté de confirmer le ministre de l'Intérieur libyen lors de la conférence de presse conjointe animée avant-hier par les animateurs de la réunion des “5+5” à Djenane El-Mithaq à Alger, en affirmant que les autorités de son pays ont procédé récemment à “l'arrestation d'un groupe d'immigrants clandestins asiatiques sur lesquels ont été récupérés des documents liés à la culture subversive d'Al-Qaïda, l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden”. C'est donc cette menace qui fait peur aux pays du Nord qui tentent de trouver une solution en coopérant avec leurs voisins du Sud mais sans pour autant s'engager dans des actions qui pourraient être onéreuses sur le plan financement. Ils restent aussi intraitables sur la question de la libre circulation des biens et des personnes en limitant l'octroi des visas. L'Italie, comme l'a affirmé sa représentante, veut, en effet, élargir la politique de coopération qu'elle a tracée avec son voisin de la rive sud de la Méditerranée, la Libye, à savoir le financement de programmes sociaux et économiques pour réduire le nombre de candidats à l'exil. Le débat sur l'immigration clandestine a donné lieu à la mise en place d'un groupe de suivi de haut niveau de la conférence ministérielle des “5+5” dont la coordination est assurée par la présidence en exercice, à savoir l'Algérie. Ce groupe, en attendant la prochaine conférence prévue en octobre 2005 en France, est chargé d'identifier et de renforcer les actions concrètes de coopération, d'identifier et de mobiliser les capacités d'expertise existantes et d'examiner aussi les possibilités de financement offertes dans le cadre des instruments de l'Union européenne. Les participants à la rencontre d'Alger ont, par ailleurs, estimé nécessaire d'associer à cette concertation, par des mécanismes appropriés, les pays voisins d'Afrique subsaharienne concernés de près par le phénomène de migration irrégulière. Abdelkader Ziari, ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a présidé la conférence d'Alger, a souligné, jeudi, lors de la conférence de presse, l'importance de cette initiative en développant l'idée de la nécessité de trouver une solution globale à cette question. Il évoquera même dans ce cadre, la fuite des cerveaux, un problème pour lequel est préconisée “la recherche de nouvelles formes de coopération, s'appuyant sur l'utilisation, dans les Etats d'origine, des compétences humaines des pays du Sud installées dans les pays du Nord de la Méditerranée”, selon le document final de la rencontre des “5+5”. Mais toutes ces propositions restent, pour l'instant, au stade de vœu pieux tant que la conférence des “5+5” n'est autre qu'un cadre informel de discussions et de débats. S. R. Le ministre français de l'Emploi a été reçu jeudi par Ahmed Ouyahia Jean-Louis Borloo : “Je suis impressionné” Le ministre français de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, s'est entretenu jeudi avec le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et quatre ministres, en marge des travaux des “5+5”. M. Borloo s'est déclaré “très impressionné de l'accélération des dossiers de coopération dans tous les domaines” entre les deux pays. “C'était très au-delà d'une prise de contact. Le président Chirac le souhaitait. Les Algériens ont mis le paquet”, a-t-il déclaré à la presse. Ahmed Ouyahia a pour sa part réaffirmé “la volonté et la disponibilité” de l'Algérie de “porter la coopération et le partenariat algéro-français à un niveau exemplaire” dans le cadre de “la mise en œuvre des orientations arrêtées par les présidents Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac”. “Vu la volonté des présidents Chirac et Bouteflika et de Jean-Pierre Raffarin de mobiliser tous les ministres français (sur le thème de la coopération franco-algérienne), je ne doute pas qu'on va amplifier ce moment extraordinaire de l'histoire des deux pays”, a déclaré M. Borloo. Il a enfin indiqué avoir découvert “une Algérie incroyablement dynamique et ouverte, avec un taux de croissance de 6%. C'est un pays qui va de l'avant”, a-t-il dit. “Ce qui se passe positivement ici a des retombées en France de manière considérable”, a-t-il ajouté, rappelant que deux millions d'Algériens ou de Franco-Algériens vivent en France. R. N.