Par onze voix pour et quatre abstentions, dont l'Algérie, les Nations unies menacent le régime de Omar Al-Bachir de sanctions pétrolières s'il ne règle pas la crise du Darfour. Non sans difficultés, les pays membres du Conseil de sécurité sont parvenus à une résolution sommant le Soudan de restaurer la sécurité dans la province du Darfour sous peine de s'exposer à des sanctions. Il faut dire que les quinze membres du Conseil de sécurité ont buté sur certaines questions avant de procéder au vote. La résolution parrainée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne et la Roumanie a fait l'objet de difficiles tractions pendant dix jours. L'effritement du Conseil de sécurité s'explique par les réticences de la Chine, de la Russie, du Pakistan et de l'Algérie, qui ont émis des réserves quant à l'effet positif que pourraient avoir les éventuelles sanctions contre Khartoum. La menace d'un veto chinois n'a été écartée qu'à la suite de l'intervention du secrétaire général des Nations unies qui a appelé à l'unité et à l'action immédiate. Kofi Annan a rappelé que “les civils sont toujours l'objet d'attaques et continuent de fuir leurs villages au Darfour”, pour inciter les membres du conseil de sécurité à s'entendre rapidement afin d'alléger les souffrances des habitants de cette région. L'élément essentiel de la résolution onusienne, qui porte le n°1 654, est le rôle important accordé à l'Union africaine (UA) pour régler ce conflit. L'instance continentale est confortée dans sa mission et se voit proposer une assistance conséquente, notamment logistique, pour mener à bien cette tâche. Cette résolution exige du régime Omar Hassan Al-Bachir de désarmer les milices “djandjawide” qui terrorisent les populations civiles du Darfour et de traduire en justice les auteurs des atrocités commises. Le secrétaire général de l'ONU est interpellé pour mettre en place une commission internationale, dont la mission est d'enquêter sur la véracité des “informations faisant état de violations du droit international humanitaire au Darfour”. La commission devra également établir si des “actes de génocide” ont été commis dan cette province soudanaise. Khartoum a, certes, critiqué le contenu de la résolution du conseil de sécurité le qualifiant d'“inéquitable”, mais s'est engagé à l'appliquer. Il faut dire que le Soudan n'avait pas le choix devant la fermeté du texte onusien. Comme à son habitude, il a accusé les Etats-Unis d'être à l'origine de cette tension. Si les réactions des officiels de l'Exécutif soudanais sont plus ou moins mesurées, celles du président de l'Assemblée nationale, Ahmed Ibrahim Taher, a été virulente. Il a promis “d'ouvrir les sept portes de l'enfer” en cas d'intervention occidentale. Cela étant, l'Occident s'est félicité d'une manière générale du contenu de la résolution 1 654, que Berlin à qualifié de “clair” et de “signe important qui montre que la communauté internationale n'est pas prête à accepter des catastrophes humanitaires qui portent aussi atteinte aux droits de l'homme”. Khartoum est aujourd'hui au pied du mur n'ayant d'autre choix que de s'exécuter s'il ne veut pas être marginalisé par la communauté internationale. K. A.