Malgré la pression exercée par l'armée américaine, à Falloudjah, où sept personnes ont été tuées depuis samedi soir, dont quatre dans un raid aérien contre des partisans présumés de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui, la résistance se poursuit. À l'entrée orientale de la ville, trois personnes ont été tuées hier matin et deux autres blessées par des tirs, a annoncé l'hôpital de la ville. Des habitants ont affirmé qu'un char américain avait ouvert le feu sur un dépôt de métaux au moment où des ouvriers chargeaient un camion, mais cette information n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat par l'armée américaine. Quatre personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans un raid aérien sur la ville samedi soir, visant, selon l'armée américaine, un barrage dressé par des combattants d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, lié à Al-Qaïda et accusé d'être à l'origine de la plupart des attentats sanglants en Irak. L'armée américaine a affirmé avoir pris pour cible, à plusieurs reprises, des repaires présumés du groupe Zarqaoui à Falloudjah et sa région. Depuis jeudi, ces raids ont fait plus de cinquante morts, selon l'hôpital de la ville, situé à 50 km à l'ouest de Bagdad. Dans une autre attaque, un enfant de quatre ans a été tué et trois adultes blessés dans l'explosion d'une voiture piégée au sud de Bagdad. La tension était vive dans la matinée dans la rue Haïfa à Bagdad, théâtre de récents combats. Des rebelles ont dressé des barricades et isolé une portion de la rue, et des tirs étaient entendus en provenance de ce secteur sans intervention de l'armée américaine dont seuls des hélicoptères survolaient le secteur. À Ramadi, cité sunnite à 100 km à l'ouest de Bagdad, des habitants ont commencé à quitter le centre-ville après un avertissement de l'armée américaine les appelant en arabe par haut-parleurs à livrer les hommes armés sous peine de quoi ils s'exposeraient à des frappes aériennes dès 16h locales (12h GMT). À Rome, le quotidien La Repubblica a affirmé que les deux Italiennes kidnappées pourraient être entre les mains du groupe Zarqaoui qui a menacé samedi dans une vidéo de tuer deux Américains et un Britannique enlevés jeudi à Bagdad. Patty Hensley, l'épouse de l'un des Américains, a appelé sur CNN les ravisseurs à libérer son mari et ses deux collègues, affirmant que son mari “aime les Irakiens et s'est fait beaucoup d'amis en Irak”. Une douzaine de chauffeurs de camions turcs ont été tués ou enlevés hier et avant-hier dans la zone sunnite du nord de Bagdad, selon la police qui a fait état de plusieurs attaques contre des véhicules turcs. R. I./A. Otages français : le flou total Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a déclaré hier matin qu'il n'était “pas en mesure de confirmer” l'authenticité du communiqué attribué à l'Armée islamique en Irak faisant état d'un “accord” en vue de la libération des deux journalistes français. Selon ce communiqué, un “accord” aurait été passé entre Christian Chesnot et Georges Malbrunot et leurs ravisseurs qui assurent “avoir mis fin à la détention des deux journalistes français qui exercent maintenant leur fonction en vertu d'un accord avec l'Armée islamique”. Un responsable de l'Observatoire islamique basé à Londres a fait état samedi d'un communiqué attribué à l'Armée islamique en Irak affirmant qu'un “accord” avait été passé avec les otages français en vue de leur libération, à condition que ceux-ci couvrent les “activités de la résistance”. “Je ne suis pas en mesure de confirmer, à cette heure, l'authenticité” de ce communiqué, a assuré M. de Villepin qui était interrogé sur Radio Europe1. Il a estimé que l'on se trouvait devant “deux situations d'exception : ils sont otages, et ils sont otages en Irak”, a relevé le ministre de l'Intérieur. “Ils sont otages, ils sont aux mains de leurs ravisseurs, quels que soient les communiqués, c'est une réalité”, a-t-il ajouté.