Comme l'avaient prédit de nombreux syndicalistes et observateurs de la scène politique au lendemain de son gel en décembre 2002, l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, un texte qui ne manquera certainement pas de susciter la polémique, vient d'être “exhumé” par l'exécutif. Lors d'une conférence-débat animée, avant-hier, au siège du journal gouvernemental El Moudjahid, le ministre de l'énergie et des mines, M. Chakib Khelil, a indiqué que le texte en question sera bientôt présenté à la Chambre basse du parlement. Et mieux encore, il a confirmé le maintien, à quelques nuances près, de la mouture dans sa version originale. Une sortie qui vient appuyer celle du premier responsable de l'exécutif, qui avait affirmé, il y a quelque temps, à la presse, que le texte est à l'ordre du jour. Ainsi donc, l'exécutif vient de remettre officiellement au goût du jour un texte dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est loin de faire l'unanimité autant au sein des acteurs sociaux que politiques. Véritable “boîte de pandore”, l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures dont on ignore avec exactitude les contours des enjeux qu'il charrie, avait, l'on se souvient, suscité une levée de boucliers chez la classe politique et les syndicats, notamment l'Ugta. Durant près de deux années après sa mise “sur les rails” en 2001, on aura eu droit à un bras de fer sans précédent entre les pouvoirs publics et la centrale syndicale. Alors que le gouvernement par la voix de Chakib Khelil, mais aussi du ministre de la participation et de la promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, justifiait la démarche par les impératifs qu'exigent les nouvelles orientations économiques, le syndicat, mais aussi la classe politique criaient au “bradage” de la Sonatrach, considérée à juste titre comme le poumon de l'économie nationale. Et au fil des mois, la polémique allait crescendo. à l'intransigeance de ce qu'on désignait à l'époque comme les “ministres du président” succédaient les menaces de l'Ugta. Quand les premiers multipliaient les sorties pour expliquer leur projet, la seconde répliquait par l'organisation de rencontres et menaçait de paralyser le pays. Resté sourd aux revendications des syndicalistes, Chakib Khelil annonçait, en octobre 2002, que le projet allait être soumis à l'assemblée. Il n'en fallait pas plus pour provoquer une véritable “tempête” au sein de la classe politique et syndicale d'autant que quelques jours auparavant, en visite en Algérie, le secrétaire-adjoint américain au commerce, Samuel W. Bodman déclarait “qu'il faut une révision de la législation algérienne, surtout dans le secteur des hydrocarbures pour une plus grande participation des entreprises étrangères”. Et contre toute attente, c'est le chef du gouvernement de l'époque qui prendra à contre-pied ses ministres en déclarant que le projet n'était pas à l'ordre du jour et qu'il s'opposait à la privatisation. Beaucoup comprendront dès lors que la mouture était sous-tendue par des considérations politiques d'autant que l'Algérie était à la veille d'un grand rendez-vous électoral. Sans doute par calcul politique et face à un bouillonnement du front social, le chef de l'état décide, courant 2003, de geler ledit projet. En fait, la mise en veilleuse d'un texte à polémique. Et aujourd'hui, alors qu'il dispose d'une marge de manœuvres assez appréciable, le président de la république décide de la remettre au goût du jour. l'Ugta et la classe politique l'entendront-elles de cette oreille ? K. K.