Une loi peut en cacher une autre. Et s'il le faut, le gouvernement proposera des “lois” pour cacher l'autre. Tandis que les partis intégristes poursuivent leur siège autour du projet de réforme du code de la famille, les ministres multiplient les tirs de diversion pour couvrir la retraite gouvernementale sur la question de la famille. Le chantage du MSP, “état d'urgence contre révision du code de la famille, l'intervention de l'officieuse association des oulémas et les menaces d'El-Islah semblent avoir eu leur effet : le ministre de la Justice avoue le recul du pouvoir sur le dossier en promettant sa reconduction au moment opportun,” c'est-à-dire sa suspension sine die. Mokri du MSP vient de confirmer la reculade : “Le président de la République vient de recevoir les échos concernant ces amendements de la part des oulémas, des zaouïas, des étudiants (nos talibans ?) et des partis (lesquels ?). Il est à leur écoute”. Alors, après la diversion éphémère occasionnée par les modifications apportées au code de la route, place à des textes plus distrayants, comme la loi sur les hydrocarbures. Cet épouvantail récurrent, qui n'épouvante même plus Sidi Saïd, connaîtra probablement le même sort que le projet de réforme du code de la famille. L'Ugta a appris à s'effaroucher à la manière grondante des islamistes quand la rente menace de se tarir ou de contourner les professionnels de “l'organisation de masse”. Déjà qu'on se mêle de la gestion de la trésorerie sociale ! Et si le projet de loi sur les hydrocarbures n'est qu'un fantôme qu'il faudra, à terme, rengainer, il restera ce projet de loi contre le blanchiment d'argent et contre le financement du terrorisme. D'autant qu'il ne gêne personne dans un pays où l'on s'adonne plutôt, comme l'a si bien formulé quelqu'un, au noircissement de l'argent propre plutôt qu'au blanchiment de l'argent sale. En fait, il s'agit là de dispositions requises par l'étranger qu'on saura faire passer devant des forces politiques qui tiennent, par-dessus tout, à ne pas être en reste de l'air du temps qui, comme chacun le sait, est à la lutte contre le terrorisme. Mais contre le terrorisme international seulement. Ce bombardement soudain de lois que subit l'Assemblée nationale, en plus de servir à couvrir le retrait du projet de révision du code de la famille, vise à profiter de la baisse de vigilance actuelle d'un intégrisme parlementaire à l'affût des seules avancées dont bénéficierait le statut de la femme. Si les puissances occidentales sont plus préoccupées par couper les vivres aux terroristes que par la condition de nos femmes, c'est, si j'ose dire, de bonne guerre. Et puisqu'il n'y a pas grand monde pour se consacrer à leur cause, il n'est pas dans la vocation de Bush de parer à nos défaillances nationales. M. H.