La séance d'ouverture, hier, de la session automnale du Parlement a été marquée par deux discours obéissant à la même ligne, mais traitant sous deux angles différents. Le président de l'APN, Amar Saïdani, monté au perchoir après la démission de Karim Younès de son poste en juin dernier, a prononcé un discours truffé d'éloges flatteurs à l'égard du président Bouteflika. « Force est aujourd'hui d'admettre que les pouvoirs publics ont pu faire redémarrer l'économie nationale après plusieurs années de récession. L'Algérie se porte mieux socialement, politiquement, économiquement ainsi que sur le plan diplomatique », a-t-il déclaré, vantant le projet de la réconciliation nationale initié par le président Bouteflika. Cette réconciliation passe, selon lui, de projet à « une réalité de terrain » qui devient, au fil des jours, « plus tangible, plus solide et plus éclatante ». M Saïdani poursuit ses flagorneries tout au long d'un discours de 14 pages. Du programme du Président à l'action gouvernementale, il a fait un constat « rassurant et positif ». Pour se justifier, M. Saïdani souligne au passage que ses propos « ne sont de verser ni dans l'autosatisfaction ni dans un optimisme béat, mais de rappeler une réalité qui nous conforte a posteriori dans les choix politiques qui ont été faits ». Evoquant la croissance économique, le président de l'APN a considéré que cela est « le fruit autant des premières réformes introduites que de l'impulsion que l'Etat a su donner à l'activité économique », omettant volontairement que notre économie est dépendante à 99% du pétrole et que si les prix de l'or noir baissent, il n'y aura point de croissance, de l'avis des experts, bien entendu. L'autre flagornerie s'articule autour de la rentrée sociale. Omissions « L'APN se félicite qu'il y ait plus de 200 000 nouveaux bacheliers et bachelières qui s'apprêtent à rejoindre les bancs des universités », a-t-il indiqué, sans citer les conditions « dérisoires » dans lesquelles ces nouveaux étudiants vont être accueillis. Il parle également de « près de 22 000 établissements nationaux d'éducation, d'enseignement et de formation, publics mais également privés, qui vont ouvrir, dans quelques jours, leurs portes pour accueillir près de 9 millions d'élèves », mais il n'a à aucun moment soulevé le phénomène de la déperdition scolaire qui est évalué à près de 60%. Avec un tel discours d'ouverture d'une session dite « riche en débats », où les députés auront à se prononcer sur de nombreux dossiers importants, M. Saïdani a dévoilé la véritable facette de cette assemblée qui n'est, semble-il, que « la caisse de résonance » du gouvernement. Au Sénat, dans l'après-midi, Abdelkader Bensalah, président de la deuxième chambre parlementaire, développe un discours semblable. N'empêche, ce dernier a axé, plutôt, son allocution d'ouverture beaucoup plus sur le code de la famille et les amendements proposés par le gouvernement. Amendements qui ont suscité un tollé général chez les partis islamistes, notamment le MSP qui est allé même jusqu'à exiger un référendum. Le président du Sénat, du fait de son appartenance au RND d'Ahmed Ouyahia, n'a pas manqué l'occasion pour apporter des précisions de taille et afficher sa couleur d'ores et déjà. « La réforme du code de la famille, un dossier très sensible, nécessite beaucoup de réflexion et un examen attentif et surtout un débat ouvert afin de pouvoir répondre aux exigences de l'heure », a-t-il souligné de prime abord. Et d'enchaîner : « On ne peut pas recourir à un référendum parce qu'il y a divergence de vues sur une ou deux dispositions de ce nouveau code », répondant implicitement à la demande du MSP. M. Bensalah a poursuivi sur la même lancée, en disant que « ce dossier concerne directement le Parlement en tant que pouvoir législatif. Et le projet de loi a été confié aux autorités constitutionnellement compétentes et habilitées à ce genre de travail ». Selon lui, ceux qui demandent un référendum veulent semer la suspicion sur « la crédibilité des institutions de l'Etat chargées du dossier ». Il s'interroge ainsi sur les intentions des ces gens, faisant une comparaison avec ce qui s'est passé en 1984 lorsque le code en vigueur avait été soumis à l'APN. Ainsi, il a dit que même à l'époque certaines personnes l'ont qualifié d'anti-Islam et non-conforme à la charia. M. Bensalah n'a pas caché sa position de soutien aux amendements apportés par le gouvernement. Par ailleurs, l'activité parlementaire durant cette session s'annonce « dense » vu le nombre de textes de loi qui seront traités au cours de près de 18 séances de travail. Entre autres, les projets de lois modifiant et complétant le code pénal, le code de procédure pénale et le code de commerce. Il y a également des textes qui sont déjà en cours d'examen, auprès de quatre commissions, comme le projet de loi relatif à la circulation des ressources biologiques, à la surveillance des corps génétiquement modifiés et à la prise en charge des risques liés à l'utilisation des biotechnologies modernes, les projets de textes législatifs sur la prévention et la gestion des risques majeurs et sur l'organisation et la sécurité et la police de la circulation routière.