Le plaidoyer germano-indien pour l'élargissement de l'organe exécutif des Nations unies à cinq autres pays, dont les deux initiateurs, n'a pas reçu l'adhésion de tous. Qualifiant le Conseil de sécurité de l'ONU, en sa forme actuelle, de totalement dépassé et nécessitant une réforme en profondeur, l'Allemagne et l'Inde ont émis la proposition de son élargissement. Ce débat vieux d'une décennie est ainsi remis au goût du jour par ces deux nations qui, avec le soutien du Brésil et du Japon également candidats, veulent arracher des sièges de membres permanents. Pour obtenir davantage d'assistance, ces postulants font miroiter un siège permanent pour le continent africain. Pour rappel, le Conseil de sécurité des Nations unies n'a été modifié qu'une seule fois depuis sa mise en place en 1945. Ce fut en 1945, lorsque le nombre de ses membres a été porté de 11 à 15, avec l'augmentation des sièges non permanents uniquement. L'argument majeur des initiateurs du projet d'élargissement est l'accroissement des membres de l'Organisation des Nations unies, qui ont passé de 45 pays en 1945 à 192 aujourd'hui. Selon Berlin, New Delhi, Brasilia et Tokyo, les organes de l'ONU ne sont plus adaptés au monde contemporain. Joschka Fischer, le chef de la diplomate allemande, fonde la revendication de son pays sur le fait qu'elle est le troisième contributeur de l'organisation sur le plan financier et le second en ce qui concerne les troupes dans les missions de paix onusiennes. La réforme du Conseil de sécurité doit prendre en compte, selon Fischer, “les membres qui veulent faire une contribution particulièrement significative et durable au maintien de la paix et de la sécurité mondiale, et pour réaliser les buts de l'organisation”. Il n'a pas manqué d'appeler à l'octroi d'un siège permanent à l'Afrique pour que “toutes les grandes régions du Sud soient représentées”. Le chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, a saisi l'occasion au vol pour appeler à l'attribution de deux sièges permanents au continent africain au Conseil de sécurité dans le cadre d'une réforme générale de l'organisation devenue nécessaire maintenant. Même son de cloche du côté du ministre indien des Affaires étrangères, qui a versé dans le même sens que son homologue allemand. Si la France a naturellement apporté son soutien à cette initiative dans le but évidement d'établir un équilibre vis-à-vis des Anglo-Saxons au sein de l'organe exécutif des Nations unies, il n'en est pas de même pour l'Italie qui n'a pas tardé à rendre publique son hostilité à un tel projet. Rome préfère une augmentation du nombre de pays non permanents. Les deux superpuissances, Etats-unis et Russie, n'ont pas encore réagi, faisant preuve d'une retenue intrigante. Colin Powell a toutefois réaffirmé le soutien de Washington à Tokyo, en prenant le soin d'ajouter : “Je ne suis pas en mesure de dire à présent qui devrait ou ne devrait pas entrer au Conseil de sécurité.” Quant au chef de la diplomatie russe, il s'est contenté de faire remarquer l'absence de consensus autour de cette question. Une chose est sûre, la bataille fait rage en sourdine en raison de l'importance du sujet et de toutes ses implications sur la scène internationale. K. A.