Retentissant échec pour la diplomatie marocaine hier, après la décision à l'unanimité des membres du Conseil de sécurité de l'ONU de réitérer leur engagement pour une solution d'autodétermina-tion du peuple sahraoui. En rejetant le rapport de Kofi Annan, les Nations unies ne se sont pas désavouées. La légalité internationale a été respectée dans le cadre du traitement du dossier du Sahara occidental. Après avoir passé au peigne fin son contenu, les membres de l'organe exécutif des Nations unies ont rejeté, hier, à l'unanimité, le rapport soumis par le secrétaire général et réaffirmé le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Ainsi, le Conseil de sécurité réitère, à New York, son engagement à soutenir les parties en conflit, Maroc et Front Polisario, pour parvenir à une “solution politique juste, durable et mutuellement acceptable” devant conduire à l'“autodétermination du peuple du Sahara occidental”. “Cette solution découle des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies et du rôle et des responsabilités de chacune des deux parties”, a indiqué le porte-parole du Conseil de sécurité à l'issue d'une séance plénière. La nécessité du “respect absolu des accords militaires auxquels est parvenue la mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) et en rapport avec le cessez-le-feu” a été réaffirmée par l'ensemble des membres du conseil. Ainsi, le mandat de la Minurso est reconduit pour une durée de six mois, soit jusqu'au 31 octobre 2006. Le Conseil de sécurité a appelé les Etats membres de la région à coopérer pleinement avec les Nations unies pour dépasser l'impasse actuelle et faire avancer des progrès pour une solution politique, en tenant compte du cessez-le-feu. Il les exhorte également à prendre toute initiative volontaire en vue de faciliter et d'accroître les contacts entre des membres de familles séparées. Il demande au secrétaire général de présenter un rapport sur la situation qui prévaut au Sahara occidental avant la fin de son mandat. Kofi Annan a été prié de prendre les mesures nécessaires pour permettre à la Minurso de mener convenablement sa mission en collaboration avec les Nations unies, en vue de mettre en application les stratégies de développement ainsi que les mécanismes appropriés pour prévenir contre toute forme de dépassement. Selon une source bien au fait de ce dossier, le rejet du rapport de Kofi Annan était prévisible, pour la simple raison qu'il était quasi-similaire sur un certain nombre de points à celui de l'ancien secrétaire général de l'ONU, le Péruvien Pérez de Cuellar, et ne se conformait pas au droit international. Le fait que le Conseil de sécurité ait examiné dans le détail le document d'Annan, alors que d'habitude il se contente d'une simple lecture, montre, si besoin est, l'importance accordée à la question. Son adoption signifiait un désengagement des Nations unies du conflit. Cette hypothèse n'était guère du goût d'un certain nombre de pays membres du Conseil de sécurité, qui y voyaient un désaveu après ses résolutions reconnaissant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Pis, elle serait synonyme de perte de crédibilité, déjà entamée avec le recours à la force contre l'Irak malgré son opposition à cette option, pour l'organe exécutif de l'ONU. Les spécialistes voyaient mal le Conseil de sécurité adopter les recommandations de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies, Peter Van Walsum, contenues dans le rapport présenté par ce dernier. La “realpolitik” prônée par Peter Van Walsun aux lieu et place de la légalité internationale aura fait long feu en fin de compte. Il faut reconnaître que le travail de lobbying effectué par la diplomatie algérienne a fini par payer. Alger exprime sa satisfaction L'Algérie a exprimé hier sa “satisfaction” après le rejet par le Conseil de sécurité de l'ONU du rapport de Kofi Annan sur le Sahara occidental. “Cette résolution s'inscrit en droite ligne des positions antérieures des Nations unies qui établissent la nature de ce conflit en tant que question de décolonisation consacrant le droit imprescriptible du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination et énoncent les conditions incontournables de la solution juste et définitive de ce conflit”, a souligné le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le ministère a ajouté qu'en rappelant les résolutions précédentes, et en particulier la résolution 1495 par laquelle il a entériné le Plan Baker de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, élaboré par M. James Baker, le Conseil de sécurité a “fort opportunément apporté une nouvelle validation de ce plan en tant que solution politique optimale de la question du Sahara occidental”. Le porte-parole du MAE a néanmoins souligné que “le Conseil de sécurité a marqué son attachement à la légalité internationale, tout en réaffirmant sa responsabilité à l'égard du peuple et du Sahara occidental, conformément à la Charte et aux résolutions des Nations unies”. Le communiqué indique, enfin, que “l'Algérie exhorte les deux parties au conflit à accepter et à mettre en œuvre le Plan Baker qui offre le cadre idoine pour le règlement juste et définitif qu'elle appelle de tous ses vœux”. K. ABDELKAMEL