La Centrale syndicale semble avoir mis du bémol à son opposition frontale à l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures que Chakib Khelil “déterre” cette semaine. Le ministre de l'Energie et des Mines a, en effet, rompu le silence sur ce projet (gelé en 2003) il y a de cela quelques jours, en annonçant, avec fracas, qu'il sera prochainement soumis, et dans sa version initiale, à l'Assemblée populaire nationale (APN). Quant à l'UGTA, tout indique qu'elle a fait ses adieux au rejet pur et simple du texte qui, en 2002, l'avait fait monter sur ses grands chevaux en le contestant vigoureusement. Contestation qui avait débouché alors sur le gel de ce texte controversé. Désormais, l'heure est à la pondération, à la disponibilité et à la discussion. Dans une digression sur les réformes économiques, à l'occasion d'un séminaire organisé conjointement par la puissante Fédération nationale du pétrole et du gaz et le fonds de solidarité du FTQ (un syndicat canadien) au profit des cadres syndicaux du secteur pétrolier, Abdelmadjid Sidi Saïd a lavé son syndicat de toute responsabilité quant à un quelconque blocage desdites réformes. “Nous sommes pour les réformes. Le blocage ne vient pas de l'UGTA, mais plutôt de l'intérieur des pouvoirs publics”, martèle-t-il. Pour donner plus de poids à son assertion, il a rappelé le processus de privatisation, enclenché en 1996, et qui a débouché, en 2004, sur le maigre résultat de 4 entreprises publiques privatisées. À croire que c'est un chef d'une organisation patronale qui admoneste les pouvoirs publics pour leur mollesse dans la mise en œuvre de son programme de privatisation ! “La bagarre ne donne pas de résultat. Nous, nous ne bloquons pas, mais qu'ils nous disent où ils veulent aller et quels sont les résultats escomptés”, claironne-t-il encore. Donc, le patron de l'UGTA est pour les réformes et les mutations “au fur et à mesure”, puisque son organisation elle-même a enclenché une mutation dans sa démarche syndicale. La seule revendication qu'il met en avant est que “s'il y a nécessité de réformer, que soit indiqué le tableau de bord desdites réformes, leur visibilité leur finalité…” “Ces réformes ne doivent pas générer le désespoir, mais plutôt l'espoir”, conditionne-t-il. Non sans menacer que la centrale s'y opposera comme elle l'a déjà fait par le passé, si d'aventure elles visent la déstructuration du tissu industriel public, le bradage, la perte de l'emploi… En marge du séminaire, le président de la Fédération des pétroliers, Mohamed Baddredine, le plus grand pourfendeur devant l'éternel du texte de Chakib Khelil, a soutenu : “Je m'inscris dans la réaction de Sidi Saïd. Pour moi, la mouture du texte dans sa version première ne peut pas être acceptable. Il n'existe même pas. Maintenant, s'il y a une volonté de discuter autour des réformes du secteur des hydrocarbures, on est prêt à le faire. Nous n'avons aucun préjugé défavorable, ni de position dogmatique. Si l'Algérie veut introduire des réformes dans le domaine des hydrocarbures, tout en préservant les intérêts de la nation et ceux des travailleurs, l'UGTA ne peut pas s'opposer.” Et d'ajouter : “Il y a des traditions dans ce pays. À chaque fois qu'il y a une loi quelconque qui concerne les travailleurs, on est sollicité par le Chef du gouvernement pour donner notre avis. Lorsque ce dernier nous saisira, on s'y prononcera. Je n'envisage pas le pire dans la mesure où le Chef du gouvernement réaffirme sa volonté à nous demander notre avis. Et tant qu'il y a volonté de dialoguer, on est ouvert à la discussion.” Et si le texte de Khelil est présenté devant l'APN dans sa mouture initiale, sa fédération ira-t-elle jusqu'à déclencher une grève pour le faire capoter ? “On souscrira à la décision qui sera prise par la direction de l'UGTA”, répond-il. A. C.