“Aucun conservatisme, ni aucune logique rentière ne freinera le mouvement de réforme et d'adaptation de l'économie nationale aux changements requis, car il s'agit là du sort de toute une nation et de défis incontournables pour le pays”, a signifié le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, aux membres du gouvernement, lundi dernier. Cette déclaration, quelque peu impromptue dans le contexte d'un conseil des ministres, sonne comme une mise en garde, à peine voilée, à ceux qui s'opposent aux plans de réformes économiques en préparation, particulièrement le projet de loi sur les hydrocarbures. La fermeté du ton du président de la République explique, un tant soit peu, l'assurance avec laquelle le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a annoncé, il y a quelques jours, la remise au goût du jour d'un projet qui a fait l'unanimité contre lui, en 2002. Chakib Khelil s'est montré arrogant en précisant qu'il présentera bientôt à l'Assemblée nationale une mouture à peine retouchée du document controversé. Ce qui revient à dire que les aspects de la réforme, contestés à l'époque par la Centrale syndicale mais aussi par des partis politiques arrimés au pouvoir à l'instar du FLN et du RND, sont préservés. En joignant leurs voix à celle de Abdelmadjid Sidi Saïd, Ali Benflis et Ahmed Ouyahia avaient prévenu contre une dangereuse cession des puits de pétrole à l'exploitation étrangère et une privatisation risquée de Sonatrach. Le parrain de la réforme du secteur des hydrocarbures, Chakib Khelil en l'occurrence, s'est retrouvé seul contre tous à défendre ses options, après que le président Bouteflika s'est retranché dans un silence total. Il a dû, en conséquence, battre en retraite et retirer purement et simplement son projet. Il n'en demeure pas moins que l'adage qui dit “qu'il faudra reculer pour mieux sauter”, se vérifie amplement dans le cas du ministre de l'Energie. Le projet de loi sur les hydrocarbures, légèrement dépoussiéré, sera certainement endossé par le Conseil de gouvernement, puis celui des ministres, sans que le parti d'Ahmed Ouyahia souffle mot pour le remettre en cause. Quant au FLN, il a déjà prouvé qu'il avait une surprenante capacité à adapter sa position au gré des enjeux de la conjoncture en cours. Il reste à savoir si le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd maintiendra le cap sur l'opposition à la réforme du secteur des hydrocarbures, telle qu'envisagée par les décideurs. À peine Chakib Khelil a révélé ses desseins au forum d'El Moudjahid, animé au début du mois en cours, que le patron de la centrale syndicale est monté au créneau. Se voulant d'abord désinvolte, il a laissé entendre qu'il n'accordait aucun crédit à l'annonce du ministre de l'Energie. Il a fini par asséner : “Si c'est le même projet, notre position est connue de tous et nous ne céderons jamais …”. La position du secrétaire général de l'UGTA est logique si elle venait à ne pas changer, à présent que le président de la République a clairement affiché son soutien au projet de son ministre de l'Energie. S. h.