Bloqué dans sa Moukataâ depuis décembre 2001, le vieux leader de la cause palestinienne est toujours considéré comme une menace par Sharon, qui ne désespère pas de le “liquider” physiquement. En l'isolant à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, Ariel Sharon pensait anéantir, ou du moins réduire, l'influence de Yasser Arafat sur son peuple. Devant l'effet contraire produit par son action, le patron du Likoud clame haut et fort qu'il n'attend que le moment opportun pour tuer le président palestinien. Le 22 septembre dernier, il a réaffirmé publiquement que Arafat “subira ce qu'il mérite”, à savoir un sort similaire à celui des deux dirigeants de Hamas, cheikh Ahmed Yassine et Abdelaziz Rantissi, assassinés au printemps dernier par l'armée israélienne. Cette déclaration intervient en complément de la décision de “principe” du gouvernement israélien de se “débarrasser” du patron de l'Organisation de libération de la Palestine prise en septembre 2003, consacrant le “terrorisme d'Etat” comme politique sécuritaire d'Israël. Encouragé par la passivité de l'Occident en général et par le soutien de Washington en particulier, Ariel Sharon renouvelle systématiquement ses menaces de mort contre le chef du Fatah. L'alignement des Etats-Unis sur la position israélienne, visant à marginaliser Yasser Arafat, a été un facteur déterminant dans la persistance de l'Etat hébreu à user de tous le moyens légaux et illégaux pour affaiblir la résistance palestinienne, devenue plus efficace depuis le déclenchement de l'Intifadha. George Bush n'a pas hésité, lors de la récente Assemblée générale des Nations unies, à conforter Ariel Sharon dans sa politique outrancière, en appelant la communauté internationale de la tribune de l'ONU à boycotter les dirigeants palestiniens de manière générale. Il est allé jusqu'à affirmer que la paix en dépendait. Il faut dire que cela n'arrange guère la position de Yasser Arafat, qui est confronté à une situation interne peu reluisante. Il éprouve toutes les peines du monde à conserver ses prérogatives sur le volet sécuritaire, sans oublier la mise en œuvre des réformes qu'il a promises pour corriger les “erreurs inacceptables du passé”, comme il l'a affirmé lui-même. Cela étant, il est toujours, aux yeux de son peuple, ce symbole de la lutte palestinienne. Mieux, tous les sondages lui accordent les faveurs des pronostics pour une réélection à la tête de l'Autorité palestinienne à l'occasion des élections prévues pour le printemps prochain. Le fait qu'il soit gardé en otage par Israël n'a fait qu'accroître sa popularité dans les territoires palestiniens occupés. Son attitude de défi vis-à-vis d'Ariel Sharon, notamment ses déclarations relatives à une mort en “martyr” plutôt que de céder à la volonté d'Israël, rassemble autour de lui tout le peuple palestinien. Reste à savoir maintenant si Sharon ira jusqu'au bout de sa logique meurtrière en “exécutant” Yasser Arafat, dont il n'ignore pas les conséquences sur la scène régionale et internationale, car ce ne sont pas les mises en garde qui ont manqué contre une telle initiative. K. A.