Désormais seule la commission nationale, à l'exclusion de toute autre structure, est habilitée à mener le parti à bon… congrès. Les responsables-redresseurs du front de libération nationale sont manifestement décidés à donner un coup de pied dans la fourmilière pour tenir le VIIIe congrès bis qui s'éloigne comme une Arlésienne. “Il se tiendra au plus tard la première semaine de décembre”, a confirmé, hier, Tayeb Louh, membre de la commission nationale de préparation du congrès, en marge de l'installation du Conseil national de l'hygiène et de la médecine du travail. Louh évoque même la possibilité de tenir les assises de son parti “vers la fin du mois de ramadan”. Pour lui, il est temps d'en finir avec l'anarchie, et de couper l'herbe sous les pieds de “ceux qui veulent semer la zizanie”. Visiblement excédé par les déclarations contradictoires qui entourent les péripéties du parti, Tayeb Louh dénie à quiconque le droit de parler au nom du FLN à l'exception des membres de la commission de préparation du congrès que préside Goudjil. “Seul le coordinateur national, M. Belkhadem, et la commission sont habilités à s'exprimer au nom du parti et personne d'autre”, assène-t-il tranchant. Tayeb Louh qui figure parmi les proches collaborateurs de Belkhadem balaye d'un revers de la main “l'agitation” des redresseurs libres emmenés par Yennoun. “Que les choses soient claires, toute activité qui se fait en dehors de la commission considérée comme une référence est frappée de nullité”. Plus incisif encore, le ministre-redresseur soutient que la commission dont il est membre ne reconnaît aucune structure de base du parti héritée du VIIIe congrès, c'est-à-dire le comité central, les mouhafadhas et les kasmas. La stratégie des partisans de Belkhadem étant d'effacer toutes les traces de Ali Benflis du FLN, coupable à leurs yeux d'avoir placé ses hommes via un fonctionnement “antidémocratique”. En tout cas, le ton de Tayeb Louh montre assez bien cette volonté d'enterrer la parenthèse de l'ex-secrétaire général. Tel un rouleau compresseur, la commission de préparation du congrès “peuplée” essentiellement par les pro-Belkhadem est déterminée, comme Louh, à recourir à la manière forte pour imposer son choix. “La commission Abada doit être dissoute, d'ailleurs M. Belkhadem a demandé officiellement à son président de la dissoudre à la fin du mois d'août mais en vain”, a indiqué Tayeb Louh qui lui dénie toute légitimité tout comme les structures de base du parti héritées de l'ère Benflis. Comment compte la commission s'y prendre pour préparer le congrès sans les membres locaux du parti ? “Nous allons discuter directement avec les militants sans passer par aucune structure”, révèle Louh qui annonce une série de “sorties” sur le terrain de quelques grosses pointures du parti pour sensibiliser les militants et voir la meilleure manière de désigner les congressistes. Ces derniers devront établir des rapports sur le choix de la base avant d'arriver à l'installation des commissions de wilaya de préparation du congrès qui devraient, elles aussi, envoyer leurs rapports chez Belkhadem. Les sous-commissions plancheront notamment sur le mécanisme à adopter dans la sélection des congressistes en l'absence des structures habituelles. Il est clair que la tendance à la “débenflisation” va se poursuivre au niveau local, histoire d'éviter le moins possible de “brebis galeuses” lors des assises dites de “réunification”. En attendant, on sait d'ores et déjà que le plus vieux parti va fêter son cinquantenaire dans la douleur et le déchirement. H. M.