La question du retrait des forces américaines et autres présentes en Irak “devra figurer dans l'ordre du jour” de la conférence sur ce pays que préconise désormais Washington, a déclaré, hier, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier. “C'est une question qui devra figurer dans l'ordre du jour d'une telle conférence, si on veut qu'elle ait lieu”, a affirmé sur la radio publique France Inter M. Barnier. “Cette question (d'un retrait) se posera, elle est d'ailleurs déjà posée par la situation”, que le ministre français a qualifiée de “trou noir”. Rappelant que Paris et Moscou avaient proposé en 2003 une conférence internationale sur l'Irak, le ministre français a souligné que l'important n'était “pas de savoir si elle (la conférence) aurait lieu avant ou après les élections” prévues en janvier, mais “comment la réussir, la rendre utile”. “Le seul lieu est celui de New York, des Nations unies”, a-t-il ajouté, demandant que “soient inclus les différentes communautés et les pays de la région”, ainsi que “l'ensemble des forces politiques (irakiennes), y compris celles qui ont choisi la voie de la résistance par les armes”. “La situation est celle du chaos en Irak avec une insécurité généralisée, y compris dans la zone verte” de Bagdad, où se trouvent le gouvernement intérimaire irakien et l'ambassade des Etats-Unis, a-t-il dit. “Ce chaos risque de déstabiliser, d'emporter, j'ai même évoqué un trou noir, toute cette région. Il faut sortir de ce trou noir, de cette spirale de violence, et engager les négociations et le processus politiques”, a poursuivi le chef de la diplomatie française. “Nous sommes dans un processus encadré par une résolution de l'ONU (1546), il faut s'en tenir là”, a ajouté M. Barnier qui a énuméré le processus à faire réussir “millimètre par millimètre” : “élections démocratiques, pour qu'une sortie politique soit donnée au peuple irakien, une nouvelle Constitution avec un référendum” sur cette Constitution. “Et puis, il faudra poser la question de la présence des forces internationales”, a-t-il souligné. La conférence sur l'Irak que veulent organiser Washington et le Premier ministre intérimaire irakien Iyad Allaoui pourrait se tenir en octobre ou début novembre dans un pays arabe, a indiqué dimanche le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Cette conférence “pourrait se dérouler en octobre, comme nous l'espérons, ou début novembre. Il est important d'avoir une conférence bien organisée, quelle que soit la date”, a déclaré M. Powell sur CNN. Elle “pourrait être organisée dans la région et quelques villes ont été évoquées, comme Amman ou Le Caire”, a-t-il précisé. La conférence est destinée à “discuter de la situation en Irak et comment les voisins pourraient être plus efficaces” pour la pacification et la reconstruction du pays à l'approche des élections prévues en janvier 2005, a expliqué le chef de la diplomatie américaine. Y sont notamment invités les pays industrialisés du G8 et les voisins de l'Irak, “y compris l'Iran et la Syrie”, a-t-il souligné. R. I.