Selon le porte-parole du gouvernement marocain, la question du Sahara occidental sera au menu de sa visite. Rabat vient de confirmer la venue avant la fin de l'année à Alger du Premier ministre, Driss Jettou et de son ministre de l'Intérieur. Cette annonce a été faite, jeudi dernier, par Nabil Benabdallah, ministre de la Communication et porte-parole de l'Exécutif, au cours d'une conférence de presse tenue à l'issue du Conseil de gouvernement. Selon le responsable marocain, la question du Sahara occidental figurera au menu de ces visites. “Le Maroc a, à plusieurs reprises, affirmé son souhait d'ouvrir le champ du dialogue et de la concertation entre les deux pays et de renforcer les contacts avec notre voisin dans l'espoir de dépasser les obstacles qui entravent l'évolution normale des relations entre les deux pays”, a-t-il expliqué. Le ministre de la Communication a évoqué à cette occasion les offres de médiation de Paris et de Madrid sur cette question. Mais tout comme Alger, Rabat considère les intermédiaires comme superflus. Pourtant, en venant à Alger la semaine écoulée, Luis Rodriguez Zapatero, tout comme Michel Barnier n'ont fait que relayer la position du royaume alaouite. Le Maroc a toujours considéré l'Algérie comme partie prenante du conflit. Revêtant le statut de conciliateurs, ils ont préconisé un règlement négocié du problème sahraoui entre les deux capitales. Si l'envoyé du palais de l'Elysée a été clair en plaidant pour “l'ouverture d'un dialogue direct” encouragé par son pays, le successeur de Aznar a enrobé sa proposition de compromis dans un propos teinté du respect de la légalité internationale. La nuance n'a cependant pas échappé à une grande partie de la classe politique espagnole, l'opposition notamment qui s'est empressée de dénoncer ce qu'elle qualifie comme un virage à 180°. Un tel revirement a également déplu au Front Polisario qui craint d'être sacrifié au profit de sombres impératifs géostratégiques. En effet, autant Zapatero que Barnier ont motivé une solution rapide du problème sahraoui par la nécessité d'asseoir une stabilité durable dans la région. Selon la France et l'Espagne, cette pacification exige la concentration des efforts des pays du Maghreb au sein d'un front commun. D'où leur exaltation pour une réconciliation entre les deux voisins. Leur activisme cible également d'autres pays de l'Afrique du Nord. Le ballet diplomatique intense dont elles se distinguent en est la preuve. Michel Barnier est attendu ce dimanche à Tunis alors que son homologue espagnol, Miguel Angle Moratinos, se rendra au Caire le 26 juillet prochain. Dans une récente sortie médiatique, le chef de la diplomatie ibérique a défendu une politique franco-britannique commune à l'égard des pays de la rive sud de la Méditerranée. Mais à quel prix ? La chasse aux émules de Ben Laden doit-elle passer par le lâchage des Sahraouis. Cette éventualité ne semble déplaire à personne, pas même aux Etats-Unis. Habituée à faire fi des résolutions onusiennes en contradiction avec ses intérêts, Washington change de ton. À son tour, elle exhorte Rabat et Alger à négocier. C'est en tout cas le message délivré par le président George Bush en recevant, il y a quelques jours, le roi Mohamed VI. En fera-t-il la demande à Abdelaziz Bouteflika ? Officiellement, l'Algérie refuse la qualité de protagoniste qu'on lui prête dans le conflit sahraoui. Par conséquent, elle rejette toute idée d'arrangement avec le Maroc. Son ministre des Affaires étrangères l'a clairement signifié, ces derniers jours. Ayant décelé “une petite sympathie entre Paris et Madrid” à ce propos, Belkhadem s'est cru en devoir de lever les soupçons quant à une acceptation de l'Algérie de leur plan. “Notre position est connue. Nous sommes favorables à toute solution pour peu qu'il respecte la volonté du peuple sahraoui”, a-t-il répliqué à Zapatero et à Barnier. Reste maintenant à savoir si Alger réussira à imposer son choix face à toutes ces pressions. S. L.