Le ministre français des Affaires étrangères, M. Michel Barnier, qui assistait hier matin à l'ouverture des travaux de la conférence ministérielle des 5 + 5 qui se tient à Oran, a brièvement abordé avec la presse la situation irakienne alors qu'il avait participé la veille à la conférence internationale de Charm El-Cheikh.Il en ressort, selon le chef de la diplomatie française, que les participants à cette conférence soient enfin parvenus au terme de la déclaration finale à “une co-responsabilité qui de sorte s'est nouée pour la première fois dans cette tragédie irakienne...” , et cela en dépit des désaccords qui ont opposé les Américains et les Français sur le déclenchement de cette guerre. La satisfaction de la France, comme cela a été présenté par le ministre français, est de voir que les participants à la conférence semblent d'accord pour dire que “la solution pour sortir de la tragédie et la guerre irakienne n'est pas celle des armes mais doit passer par la démocratie et un processus politique”. Le chef de la diplomatie française poursuit plus loin en estimant que ce processus, qui serait enclenché avec la tenue des élections le 30 janvier prochain, est “très fragile et un moment de vérité...”, non sans omette de rappeler qu'il est encadré par la résolution 1 546, c'est-à-dire par l'ONU et, donc, un retour à la légitimité internationale pour ce qui est de l'Irak aujourd'hui... Certains observateurs voient dans les conclusions de M. Michel Barnier et l'acceptation du calendrier politique irakien un fléchissement de la position de la diplomatie française. Néanmoins, notre interlocuteur n'a pas manqué de poser les conditions qui, selon lui, pourraient faire de ces élections une véritable solution au drame irakien. En effet, M. Barnier estime qu'elles doivent être “impartiales et qu'elles intéressent tout le territoire irakien et que tous les Irakiens, les forces et les communautés, qui renoncent à la violence et qui sont dans la démocratie, puissent y participer...” La tenue des élections, poursuit le ministre, “est difficile et possible à la fois ; il faudra moins de violence, plus de sérénité ; il faudra un processus impartial transparent et l'UE est disponible pour accompagner la réalisation de ces élections...” S'adressant enfin ind rectement à M. Allaoui, dont l'animosité à l'égard de la position française est un secret de Polichinelle, M. Barnier encouragera le gouvernement transitoire de “M. Allaoui à faire un effort et à tendre la main à toutes les forces et les communautés irakiennes qui renoncent à la violence...”, et de conclure que ces élections sont un moment de vérité, un moment difficile.Mais le mot de la fin reste pour l'instant celui du terrain en Irak avec un déferlement de violence qui, chaque jour, décime des centaines de civils irakiens, hommes femmes et enfants sans distinction. F. B.