Après George Bush, c'est au tour de Tony Blair d'admettre que les informations de ses services de renseignement sur les prétendues ADM de Saddam étaient erronées, sans pour autant présenter des excuses. Dix-huit mois plus tard, les masques tombent. Tout ce qui avait été dit par les services secrets américains et britanniques sur l'armement de destruction massive irakien est faux. Non seulement rien n'a été découvert sur tout le territoire irakien, mais les deux principaux meneurs de la campagne anti-Saddam, en l'occurrence le président des Etats-Unis et le Premier ministre de la Grande-Bretagne, ne trouvent aucune gêne à reconnaître publiquement que les informations sur les armes de destruction massive irakiennes ayant motivé leur décision à attaquer ce pays étaient fausses. “Les preuves selon lesquelles Saddam Hussein avait concrètement des armes chimiques et biologiques et non pas seulement la capacité de développer de telles armes se sont révélées fausses”, s'est borné à avouer Tony Blair durant le congrès de son parti mardi. Devant cette succession d'aveux tardifs, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan ne s'est pas empêché de souligner, tardivement lui aussi, que la guerre contre l'Irak était “légalement injustifiée”. Il affirme qu'une seconde résolution du Conseil de sécurité était nécessaire pour l'utilisation de la force contre l'Irak. “Je suis de ceux qui croient qu'il y aurait dû y avoir une deuxième résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour donner le feu vert à l'invasion des Etats-Unis qui a renversé Saddam Hussein”, avait notamment déclaré le SG de l'ONU. Tony Blair n'a pas manqué de réagir aux déclarations de Annan. “La guerre était légalement justifiée car Saddam restait en infraction avec les résolutions de l'ONU”, a-t-il dit à la presse hier. Dans l'espoir de donner davantage de crédibilité à son engagement aux côtés de George Bush dans la campagne irakienne, le Chef du gouvernement britannique tente de faire croire que les “preuves ont été acceptées par l'ensemble de la communauté internationale et notamment par Saddam Hussein qui avait utilisé de telles armes contre son peuple et des pays voisins”. Ceci est totalement faux, parce que tout un chacun a encore en mémoire la bataille que s'étaient livrée au Conseil de sécurité des Nations unies les pays en faveur de l'usage de la force pour “désarmer l'Irak” avec à leur tête les Etats-Unis et ceux qui y étaient opposés à l'instar de la France et de l'Allemagne, sans oublier la Chine et la Russie. Outre cela, il y a lieu de rappeler les manifestations monstres qu'ont vécues toutes les grandes villes de la planète, au cours desquelles des centaines de milliers de personnes ont supplié Bush de ne pas attaquer l'Irak. Toujours est-il que les aveux de Tony Blair confirment que les superpuissances font toujours fi de la légalité internationale quand il s'agit de défendre ou de protéger leurs intérêts. Toute menace est immédiatement réduite à néant par tous les moyens, l'usage de la force en premier. K. A.