Après George Bush, qui a été secoué par le rapport du Sénat sur les ADM irakiennes, c'est au tour de Tony Blair d'être au centre des conclusions de Lord Butler sur le même sujet. Annoncé pour demain, le rapport Butler sur l'arsenal militaire irakien sera en fin de compte communiqué aujourd'hui aux services de Tony Blair à Downing Street. Très attendu, ce document réalisé sur la base des informations fournies par les services secrets britanniques devrait faire la lumière sur la responsabilité du Premier ministre travailliste dans la décision de recourir à la force contre le régime de Saddam Hussein. Pour rappel, Lord Butler avait été chargé le 3 février dernier par Blair “d'enquêter sur toute éventuelle contradiction entre les informations des services de renseignement collectées, évaluées et utilisées par le gouvernement avant la guerre et ce qui a été découvert sur le terrain par le groupe de surveillance en Irak depuis la fin du conflit”. Cette enquête avait été commandée dans le but de mettre un terme à la polémique qui fait rage en Grande-Bretagne sur les prétendues armes de destruction massive irakiennes, dont aucune trace n'a été retrouvée à ce jour après seize mois d'occupation de l'Irak par la coalition. Les conclusions de Butler sont très attendues parce qu'elles délimiteront la responsabilité du Chef du gouvernement britannique dans cette affaire. L'avenir politique de Tony Blair est également lié à ce rapport, qui pourrait en précipiter le départ si jamais il confirme qu'il a exagéré les données des services de renseignement. Jusqu'à maintenant, le Premier ministre a été mis au banc des accusés par de nombreuses personnalités britanniques, ainsi que par des membres des services secrets. L'estocade été portée dimanche par un des responsables du M 16, le service britannique du renseignement extérieur, qui a affirmé que sa structure avait “retiré” les analyses fournies au gouvernement sur le risque posé par les éventuelles armes de destruction massive que détiendrait Saddam Hussein. Pour information, il était indiqué dans ces analyses que le président irakien déchu disposait d'ADM pouvant être utilisées en 45 minutes. Tony Blair s'était particulièrement basé sur cet argument, sur lequel le M 16 est pourtant revenu parce que n'étant plus sûr de sa fiabilité, pour motiver a décision de s'aligner sur les Etats-Unis quant au recours à la force pour désarmer l'Irak. Si le rapport de Lord Butler confirme ce fait, le Premier ministre britannique aura toutes les peines du monde à convaincre ses concitoyens de sa bonne foi. Il a admis, pour la première fois la semaine passée, que les armes de destruction massive pourraient ne pas être retrouvées en Irak. Blair a été également enfoncé dimanche sur la BBC par l'ancien chef adjoint des renseignements militaires (DIS), John Morrison. Ce dernier n'a pas hésité à déclarer que Tony Blair “est allé bien au-delà de tout ce qu'un analyste professionnel aurait approuvé” en présentant son dossier sur les ADM irakiennes. K. A. Inquiétudes pour les otages Le manque d'informations précises sur quatre otages étrangers retenus en Irak alimentait, hier, les inquiétudes sur leur sort, tandis que Paris et Bagdad rétablissaient leurs relations diplomatiques. Les autorités de Manille et de Sofia se sont pourtant voulues rassurantes en affirmant que leurs otages étaient en vie, alors qu'un diplomate égyptien à Bagdad s'est dit inquiet pour le sort d'un ressortissant de son pays. Angelo de la Cruz, chauffeur de camion de 46 ans, “est toujours en vie et, autant que nous en avons connaissance, sera traité de manière civilisée”, a déclaré la secrétaire philippine aux Affaires étrangères, Delia Albert, confirmant une déclaration faite la veille par un diplomate à Bagdad. Les ravisseurs avaient auparavant donné jusqu'à dimanche à Manille pour avancer au 20 juillet, au lieu du 20 août, le retrait d'Irak de son petit contingent de 51 militaires et policiers, ce qu'il a rejeté. “Nous continuons à travailler pour la libération de M. de la Cruz et n'épargnerons aucun effort dans ce but”, a ajouté Delia Albert. Un diplomate proche du dossier a indiqué, sous le couvert de l'anonymat, que les ravisseurs, qui se réclament du groupe “Armée islamique en Irak”, avaient rejeté une offre de rançon faite par Manille, sans en préciser le montant.