“Le système scolaire est caractérisé par un faible taux de rendement qui se manifeste à travers un nombre important de redoublants, d'abandons et d'échecs aux différents examens de passage (6e, BEF, bac)”, affirme le CNES dans son projet de rapport sur le manuel scolaire débattu hier. Les taux de réussite aux différents examens, même s'ils se sont améliorés ces dernières années, souligne-t-on, demeurent néanmoins faibles durant tout le cursus : près de 80% réussissent en 6e, 42% en 9e AF et plus de 31% au bac. Aboutissant ainsi à près de 70 exclus sur les 100 inscrits en fin de cycle secondaire. Ce phénomène, note le CNES, “est sûrement aggravé par les frais d'acquisition du manuel scolaire qui augmentent d'année en année”. Le taux de redoublement varient de 10% à plus de 43%. S'agissant des abandons et des exclus définitivement, leur nombre dépasse les 500 000 annuellement (sans diplôme ni qualification). Selon le CNES, la hausse des frais de scolarité (multipliée par trois en dix ans) et, surtout, celle des fournitures scolaires (multipliée par cinq) tendent à diminuer l'accès de l'école aux enfants de famille aux revenus réduits et participent à l'augmentation des taux de déperdition scolaire. Les filles sont les premières à être pénalisées par cette situation, notamment en milieu rural. La subvention de l'Etat dans le prix du manuel scolaire est jugée insuffisante, ce qui laisse aux parents d'élèves la prise en charge des dépenses d'acquisition des manuels à chaque rentrée scolaire. Or, combien coûteraient les manuels scolaires dans le cas d'une famille de quatre enfants scolarisés avec un enfant par palier ? s'interroge le CNES. “Les dépenses supportées pour l'achat des manuels, à chaque rentrée scolaire, seraient de 2 750 DA, soit près de 38% du SNMG (8 000 DA). À cela s'ajoutent les fournitures scolaires, les cartables, les habits d'école…”, note le CNES. L'Office national des publications scolaires (ONPS) estime que les prix de revient moyens des manuels scolaires par palier seraient de 220 DA pour le premier palier du fondamental, de 550 pour le deuxième de 780 DA pour le troisième palier du fondamental et, enfin, de 1 200 DA pour l'enseignement secondaire. Selon le président du CNES, l'Etat a supporté, presque en totalité, des coûts sans cesse croissants de fabrication et de distribution du manuel scolaire. Tout de même, précise-t-il, “des tensions sont apparues sur la disponibilité du manuel scolaire, mettant davantage en lumière la médiocrité de sa qualité technique et sa durée de vie moyenne éphémère”. Le rapport du CNES souligne cette difficulté “qu'éprouvent les produits avant leur arrivée entre les mains des consommateurs, dysfonctionnements qui alimentent un marché parallèle et jettent un discrédit sur l'école”. M. R.