Les victimes étaient à l'intérieur d'un magasin de téléphonie mobile, mardi soir, quand ils ont été surpris par un groupe d'individus lourdement armé. Hier encore, le drame continuait de faire jaser dans les chaumières et d'alimenter les spéculations. Mardi soir, peu de temps avant 20 heures, au moment de la prière de l'Icha, un groupe armé, dont le nombre est indéterminé, 5 selon certaines sources, a fait irruption dans un magasin de téléphonie mobile à Larbaâ, à trente kilomètres à l'est de Blida, tuant trois personnes qui s'y trouvaient à l'intérieur. Boudiaf Abdelaziz, âgé de 20 ans, footballeur talentueux de l'équipe locale et dont le frère est propriétaire du magasin, Ismaïl Ali, âgé de 25 ans, et Reda Bellal, 22 ans. Les assaillants, arrivés à bord d'un véhicule de couleur rouge, qui ont agi à visage découvert, armés de pistolets automatiques (PA) et de couteaux, selon certaines sources — de kalachnikov, selon d'autres témoignages — ont tiré à bout portant sur les trois personnes avant de prendre la poudre d'escampette en emportant plus d'une vingtaine de portables et une liasse d'argent estimée à près de 18 000 Da. Mais au-delà du drame qui a jeté l'émoi dans cette localité, réputée fief du terrorisme dans les années quatre-vingt-dix, ce sont essentiellement les mobiles et les circonstances du drame qui alimentent les discussions à Larbaâ. Pourquoi tuer trois jeunes personnes pour une telle somme ? s'interroge t-on. “Les victimes auraient reconnu leurs tueurs”, tente de répondre, en guise d'explication, l'un des frères d'une victime. Mais en tout cas, les faits sont troublants. Il y a d'abord le choix du lieu, loin sans doute d'être fortuit. Le magasin est, en effet, situé à la sortie sud-ouest de la ville, lieu très peu éclairé et à proximité d'une station de distribution de carburant. “Si c'était pour l'argent, il pouvait s'attaquer à la station”, fait observer un proche d'une victime. Ensuite, le choix des victimes : tous à la fleur de l'âge, les trois jeunes, racontent certains témoins, ne se sont jamais singularisés par des comportements susceptibles de “créer des problèmes”, pour reprendre une expression en usage. Mais mieux encore, l'un d'eux est très apprécié pour ses talents footballistiques dans le club local. Quant aux deux autres dont l'un rentré récemment des Etats-Unis, fils d'un pilote, alors que l'autre est fils d'avocat, ils tenaient une boutique non loin du lieu du drame. Enfin, il y a la facilité avec laquelle les assaillants ont pu quitter la ville puisqu'elle constitue, de l'aveu de nombreux citoyens, un véritable “bunker”. Tous les corps de sécurité, en effet, outre l'existence de la police communale et des groupes d'autodéfense, y ont pignon sur rue. “La sécurité est défaillante et les autorités sont absentes. L'alcool et la drogue font des ravages dans la cité”, témoigne, consterné, le frère d'une victime avec le regard toujours fixé sur le parterre du magasin maculé encore du sang des victimes. “Quand on est allé informer le commissariat, l'un des policiers nous a manqué de respect”, témoigne un autre. Mais tous souhaitent que “toute la lumière soit faite sur ce crime abominable”. En tout état de cause, pour les services de sécurité de la wilaya de Blida “aucune piste n'est à exclure tant que l'enquête en cours n'est pas terminée”. À noter qu'avant leur enterrement, les corps des victimes ont été transférés à Blida pour l'autopsie. K. K.