Les familles de Wissam (5 ans), d'Ahmed (4 ans) et de Mébarka (6 ans) ont cru à un kidnapping. Cette information avait provoqué un climat de psychose à Alger durant toute la journée de mardi. Retrouvés, hier, en début de soirée, les trois enfants seraient morts par asphyxie, selon le médecin légiste et la police. Le drame ne va sans doute pas arrêter de faire jaser dans les chaumières : les trois enfants disparus, lundi dernier, dans un quartier de Bourouba, ont été retrouvés morts hier à une centaine de mètres de leur domicile. Selon le médecin légiste, le Dr Belhadj de l'hôpital Mustapha-Pacha où les victimes ont été admises pour autopsie, “les corps ne présentaient pas de traces de violence ni corporelle ni sexuelle”. Il s'agit, a-t-il précisé, de “mort accidentelle” due à une asphyxie aiguë, “confinement”, pour reprendre le jargon médical. En guise d'arguments, il a indiqué que les trois bambins portaient toujours leurs vêtements attestant “qu'ils ne se sont pas débattus”. Cependant, a-t-il ajouté, il ne s'agit que de premières constatations qui seront suivies d'une autopsie plus approfondie aujourd'hui. Disparus lundi 13 décembre, les trois enfants ont été retrouvés coincés dans un comptoir frigorifique, vétuste, abandonné sur un terrain vague, transformé en aire de jeux par les enfants du quartier de la cité dite M6 à Bourouba, dans la daïra d'El-Harrach, à l'est d'Alger, a expliqué M. Djillali Boudalia, responsable de la communication au niveau de la sûreté de la wilaya d'Alger. “Ils se sont introduits par accident à l'intérieur du comptoir frigo et n'ont pu rouvrir les portes du fait que ces dernières ne s'ouvrent que de l'extérieur”, a-t-il dit. Contrairement aux rumeurs colportées, il a catégoriquement rejeté la thèse du kidnapping. “Il ne s'agit ni d'un kidnapping ni d'un quelconque autre acte criminel”, a-t-il affirmé. Le 13 décembre, aux alentours de 17h40, le nommé Rahmouni Khmisti s'est présenté à la sûreté urbaine du 6e arrondissement (Bourouba) pour signaler la disparition de son fils Rahmouni, âgé de 4 ans, de sa nièce Mébarka, âgée de 5 ans ainsi que de la fillette du voisin, Amam Wissam, également âgée de 5 ans. Aussitôt, des recherches ont été entamées par les services de la sûreté d'El-Harrach avec le concours des sûretés urbaines des communes limitrophes pilotées par le commissaire Baba, chef de la brigade criminelle division Est. Et ce n'est qu'hier seulement que les trois victimes ont été retrouvées par des enfants qui jouaient sur les mêmes lieux, a ajouté Boudalia, lors d'un point de presse improvisé à l'intérieur de l'enceinte de l'hôpital. Cependant, au regard du nombre impressionnant des policiers mobilisés et le bouclage du quartier où le drame était survenu, à se fier à certains témoignages, nul doute que cette “mort” est loin d'être ordinaire. À plus forte raison que la proximité dans le temps avec l'affaire des enfants disparus à Chéraga plaide pour une mort suspecte. “Les enfants n'ont pas l'habitude de jouer aussi loin et puis le comptoir-frigo ne peut pas contenir trois personnes”, ont affirmé par ailleurs un oncle et un frère d'une des victimes. Autre indice révélateur dans ce genre de circonstances, l'insistance autant du médecin légiste que de la police, à l'endroit de la presse pour ne pas trop médiatiser l'affaire. D'ailleurs, des palabres incessants entre les services de la police et les services sanitaires de l'hôpital dégageaient cette vague impression de panique. Même les photographes de presse, qui dans un premier temps ont été admis à photographier, ont été ensuite invités diplomatiquement à s'abstenir. En tout état de cause, les deux services n'ont pas manqué de lancer un appel aux parents pour surveiller leur progéniture. À noter enfin qu'une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de la mort des bambins. K. K./ N. S.