Le candidat indépendant Ralph Nader n'a “aucune intention” de quitter la course à la Maison-Blanche même si sa présence peut de nouveau favoriser la victoire de George W. Bush, comme le craignent les démocrates de John Kerry. “Nous allons essayer d'obtenir le maximum de voix”, a-t-il déclaré sur un ton de défi, devant la presse à Washington. Les sondages ne lui accordent pourtant que 1 à 2% des voix. Même faible, ce résultat pourrait décider de l'élection, comme en 2000 où, selon les démocrates, Ralph Nader avait surtout pris des voix à leur candidat, Al Gore, faisant ainsi élire le républicain Bush. Le camp du démocrate John Kerry craint que “l'effet Nader” ne joue de nouveau en leur défaveur dans plusieurs Etats toujours indécis. Les sondages lui donnent, en effet, environ 2% en Floride, où Bush et Kerry sont au coude à coude, 3% dans l'Iowa, où l'avance de Kerry est très faible, ou encore entre 1 et 2% dans le Minnesota ou le Nevada, autres Etats très disputés. En Floride, le candidat des Verts avait réuni plus de 97 000 suffrages en 2000. En 2000, 537 voix avaient permis à Bush de remporter cet Etat et, ainsi, l'élection. Les enquêtes montrent que, lorsque Nader n'est pas pris en compte, environ la moitié de ses électeurs se reportent sur John Kerry, moins de 20% sur Bush, et le reste sur d'autres candidats marginaux ou dans l'abstention. C'est pour cette raison que les démocrates se sont battus pour que Nader soit présent dans le moins d'Etats possibles, comme en Pennsylvanie où, après une bataille judiciaire, son nom n'apparaîtra finalement pas sur les bulletins de vote. M. Nader, qui est finalement présent dans une trentaine d'Etats, ne cache pas sa colère vis-à-vis des démocrates, un “parti qui ne sait plus gagner”, alors qu'ils pourraient battre Bush, le “pire des présidents”, “à plate couture”. Il affirme avoir proposé aux démocrates d'enregistrer un spot télévisé, s'ils le financent, dans lequel il exhorterait les électeurs “à battre Bush sans mentionner (sa) candidature”. Le président du parti démocrate, Terry McAuliffe, préfère appeler Ralph Nader à “mettre un terme à la mascarade” de sa candidature, financée en partie, selon lui, par les républicains, ce qu'a de nouveau démenti lundi le candidat indépendant. Des appels dans le même sens ont été lancés par l'ancienne co-listière de Nader en 2000, ou par des groupes de pression spécialement créés, comme The Nader Factor ou The Unity Campaign. Cette dernière organisation a réuni une centaine de personnalités ayant voté Nader en 2000, comme l'actrice Susan Sarandon ou l'essayiste Noam Chomsky, qui appellent “à soutenir Kerry, et non Nader, dans tous les Etats indécis”, car “battre Bush doit être la priorité de cette élection”. Même s'il sait qu'il va perdre, Nader reste inflexible car il veut “faire triompher” ses idées.