L'issue de l'élection présidentielle américaine s'est peut-être jouée avec l'avantage pris par le candidat démocrate dans les trois confrontations entre les deux hommes. Qualifié de décisif, le dernier duel entre Kerry et Bush a souri au sénateur démocrate, à en croire les résultats des sondages. L'écart entre les deux postulants atteint jusqu'à 14 points en faveur de Kerry, selon la chaîne CBS, qui lui donne 39% contre 25% au président en exercice. CNN lui accorde 13 points d'avance, soit 52%, contre 39. Pour ABC par contre, les deux candidats sont pratiquement au coude à coude, séparés par un seul point à l'avantage de John Kerry, 42% contre 41%. Donné pour simple figurant dans ce scrutin présidentiel il y a à peine un an, le sénateur du Massachusetts a réussi à renverser la vapeur face à un adversaire dont la cote de popularité flirtait avec les 70% en mars 2003. En trois débats télévisés, le démocrate a fait changer d'avis à la majorité des Américains. Des paroles : “Les Bush, c'est un mandat à la Maison-Blanche et dégagez !”, il est en train de passer à l'acte, même s'il subsiste encore quelques doutes quant à la victoire finale le 2 novembre prochain. Lors du dernier face-à-face, George Bush n'a pas réussi à coller l'étiquette de “gauchiste” à son adversaire, comme il le souhaitait, pour ternir son image dans une Amérique libérale. C'est Kerry qui a encore enfoncé le président sur les questions sociales en lui reprochant d'avoir fait perdre à 5 millions d'Américains leur couverture médicale, en plus des millions d'emplois perdus depuis le début de son mandat. Bush a vainement tenté de le discréditer en affirmant qu'il en changerait à cette situation sur le plan social avec ses “promesses vides”, car il faudrait 50 milliards de dollars pour les concrétiser. Le locataire du bureau ovale a été incapable de défendre sa thèse adorée relative à la guerre contre le terrorisme et la guerre en Irak, malgré ses assertions sur l'amélioration de la situation sécuritaire à travers le monde depuis la chute de Saddam Hussein. Se référant à la situation catastrophique en Irak et à la menace terroriste contre les intérêts américains dans le monde, John Kerry a battu en brèche les arguments de son rival. Il a réaffirmé que la guerre en Irak était une grande erreur et les Etats-Unis en paient encore les conséquences. Bien que les écarts diffèrent, l'unanimité s'est dégagée quant à l'avantage qu'a pris Kerry sur Bush à la suite des 3 confrontations télévisées. Mais comme les marges d'erreur dans les sondages d'opinions varient de 3 à 5 points, il subsiste encore des doutes sur l'issue finale des élections. D'ici le 2 novembre, il n'est pas exclu que des évènements favorables à Bush se produisent et inversent la tendance. Même si ce genre d'hypothèses est peu probable, en raison de l'importance des débats entre les candidats dans la décision des Américains à choisir leur élu, les démocrates redoutent encore une situation similaire à celle qui est arrivée à Al Gore en 2000. Ralph Nader, le candidat indépendant en course cette fois-ci aussi, accusé d'être la cause de la défaite des démocrates, pourrait refaire son coup à nouveau. C'est dire que la crainte ne quittera le camp des démocrates qu'une fois le duo Kerry-Edwards sera élu, même si leur candidat est en bonne position. L'heure est à la conquête des Etats indécis à l'image de l'Ohio, la Pennsylvanie et la Floride, dont l'incidence sur l'issue des élections a toujours été cruciale. K. A.