“Qui a remis en cause les accords entérinés en mars 2004 ?”, s'est interrogé hier le professeur Yousfi. “Nous sommes des universitaires et notre cursus est identique à celui du ministre de la Santé. Au Snpssp, nous respectons tout le monde et en contrepartie, nous voulons être respectés.” C'est en ces termes que le Dr Yousfi entame le point de presse qu'il a animé hier au siège du syndicat. Apparemment satisfait de la réussite du mouvement, car le taux de participation a atteint les 88% à l'échelle nationale, l'orateur insistera sur la décision des grévistes “à aller jusqu'au bout, et qu'ils n'accepteront plus d'être bernés. Nous avons au minimum un niveau de (bac+12) et c'est notre corps qui est sacrifié. On trouve de l'argent à tous les fonctionnaires exceptés les médecins spécialistes à qui on demande d'attendre”. Ce dernier ne comprend pas les raisons qui poussent le ministère de la Santé à instruire les gestionnaires des hôpitaux pour qu'il y ait retenue sur salaire pour les grévistes. Il rappellera aussi que lors d'une réunion avec le ministre de la Santé en date du 29 septembre 2004, il (le ministre) avait promis que les accords signés en mars dernier étaient sur le point d'être appliqués. “Une semaine après, lors d'une réunion avec les cadres du ministère, on apprend que la Fonction publique avait rejeté les accords en juillet 2004. Où est le sérieux alors ? Peut-on continuer à faire confiance à ceux qui agissent de la sorte ?” Il rappelle que “le ministre a affaire à des cadres ayant le même cursus que lui et ils ne font que revendiquer leurs droits. Ils refusent tout langage démagogique et n'ont besoin de la tutelle de personne, car comme le ministre, ils font partie de l'élite du pays”. Ce dernier craint que le ministre parle en sa qualité d'hospitalo-universitaire. “Il est le ministre de la Santé de tous les Algériens loin de tout corporatisme”, explique le président du syndicat. Il rappellera que son syndicat est une organisation socioprofessionnelle qui n'a d'autre but que la défense des droits des spécialistes et de la santé publique en Algérie. Il rejettera, par ailleurs, toutes les accusations du ministère pour qui les grévistes ont d'autres buts que ceux avoués. “Tout le monde peut constater qui a des intérêts personnels et qui défend la santé publique en Algérie. Les spécialistes n'ont jamais quitté leur poste même dans les zones les plus chaudes et durant les années de terrorisme. Nous n'avons de leçons de nationalisme et de conscience personnelle à recevoir de personne.” Il revient sur le communiqué du ministère de la Santé rendu public lundi dernier. “Au lieu de respecter les termes des accords, les responsables de la santé optent pour la désinformation. Selon le même communiqué, nos salaires ont connu une augmentation de 70%. On oublie de préciser que nous étions en retard de 300% par rapport à d'autres corps qui ont un cursus universitaire moindre que le nôtre”, explique-t-il. Il citera l'exemple des magistrats qui touchent un salaire 4 fois supérieur à celui d'un médecin spécialiste. “Je cite aussi le cas des députés et des ministres qui n'ont pas aussi notre cursus et qui touchent 4 fois plus que nous”, ajoute l'orateur. En abordant les réponses du ministère, il ironisera lorsqu'il évoquera la rétroactivité administrative : “C'est quoi cette nouvelle notion de rétroactivité ? Nous voulons que les anciens spécialistes touchent de l'argent avec effet rétrocatif depuis octobre 2002. Nous refusons toute autre forme de bluff comme la reconnaissance de la faute par les pouvoirs publics et sans indemnités comme semble vouloir agir le ministère de la Santé”, affirme le Dr Yousfi. Il rappellera aussi que pour le concours, les administrateurs chargés du projet ont arrêté les modalités et les matières des examens pour évaluer le niveau des spécialistes. “Croyez ou non, ils ont arrêté, l'oral, l'écrit, la langue arabe et la culture générale comme étant les matières du concours pour évaluer les spécialistes aptes à occuper ou non le poste supérieur à celui qu'il occupe. Les responsables de la santé pensent organiser un concours pour recruter des ouvriers. Avec tout ce mépris, on nous invite à respecter les autres alors que nous n'avons dit que la vérité”, conclut le Dr Yousfi qui a révélé que durant la grève, le syndicat tiendra quotidiennement une conférence de presse. S. I.