“Nous ne trahirons jamais, ni notre corporation ni la santé publique et encore moins notre pays et notre syndicat”, déclare le Dr Yousfi. Hier, lors du point de presse du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp), tenu au siège du syndicat, le Dr Yousfi a estimé ne plus comprendre “le fonctionnement de ce gouvernement”. Il rappellera toutes les péripéties par lesquelles est passé leur mouvement. “Je n'arrive pas encore à trouver de qualificatifs pour les dernières déclarations du ministre du Travail qui affirme que les grèves illimitées sont illégales. Je dirais même plus, qu'a-t-il fait justement pour éviter le durcissement du mouvement qui a commencé voilà plus de 2 ans ?”, affirme le Dr Yousfi. Ce dernier va plus loin en rappelant au ministre du Travail que les accords qu'il a signés, lui et l'ex-ministre de la Santé, le Pr Aberkane d'une part, et le Snpssp d'autre part, en novembre 2001, sont restés lettre morte. “C'est lui qui avait signé les accords en 2002, et aujourd'hui alors qu'il n'a rien fait pour leur application, il traite notre mouvement d'illégal. Que tout le monde sache qu'il y a eu une assemblée générale extraordinaire qui a décidé, comme le lui permettent les statuts de la grève. Nous avons aussi déposé un préavis de grève, conformément à la loi syndicale”, tient-il à préciser. Il insistera sur le droit de la grève consacré par la Constitution algérienne. Il va plus loin en affirmant : “Les accords de 2002 engagent toujours le gouvernement et au lieu de veiller à leur application, le ministre du Travail préfère les menaces. Nous sommes dans la légalité et en matière de responsabilité, je réitère mes précédentes déclarations : le gouvernement a en face de lui des cadres de la nation qui ne demandent que l'application de l'arrangement que les deux parties avaient accepté”, dit-il. Plus grave encore, le président du syndicat des spécialistes estime “ne pas comprendre une telle attaque contre son syndicat et en présence du secrétaire général de l'UGTA”. Le Dr Yousfi se dit outré quant aux comparaisons du ministre du Travail qui trouve que “les grèves illimitées ressemblent à celles du FIS”. Bien entendu, l'orateur rappelle que malgré les menaces de licenciements et de poursuites judiciaires, le mouvement est suivi par 90% des spécialistes de santé publique. Il qualifie aussi le communiqué du Conseil de gouvernement de mercredi dernier de fuite en avant. “En 2002, les ministres signataires de l'accord avec le Snpssp étaient mandatés par le gouvernement. Nous pensons qu'un gouvernement se doit tout d'abord de respecter ses engagements et non de menacer après une volte-face”, ajoute le Dr Yousfi. Quant à l'option de faire appel à des spécialistes étrangers pour faire face au déficit constaté en Algérie, le Dr Yousfi se montre plus qu'étonné de constater que “le même gouvernement qui refuse d'appliquer les accords de 2002 et de mars 2004, dispose en fin de compte de beaucoup d'argent puisqu'il est prêt à faire appel à des étrangers qui auront droit à un salaire minimum de 200 000 DA. Le spécialiste algérien est resté dans son pays quand d'autres s'enfuyaient et lorsque nous étions des infréquentables pour tous les pays du monde, et lorsque vint la paix, ce sont les vrais nationalistes qui sont sacrifiés”, s'insurge-t-il. Il citera en exemple les professeurs étrangers recrutés par l'université de Bab-Ezzouar : “Chaque professeur touche 1 000 euros et 60 000 DA par mois. Sans compter les billets d'avion gratuits et la prise en charge de la famille et les frais inhérents à la sécurité. Et on demande au médecin algérien d'être nationaliste, lui qui débute sa carrière à 32 000 DA”. Il déclare enfin que “l'Algérie a besoin de 5 000 spécialistes”. Le Snpssp tiendra aujourd'hui un sit-in à l'hôpital de Bab El-Oued. S. I.