Plus de 17 mois après le séisme, les travaux de confortement piétinent et la situation des sinistrés se dégrade. Depuis quelques jours, les sinistrés de la cité des 1 200-Logements de Boumerdès, qui a enregistré quelque 600 morts lors du séisme du 21 mai 2003, commentent leur retour proche dans leurs appartements. Selon eux, les autorités de la wilaya et de la commune, ainsi que les responsables de l'office de promotion et de gestion immobilière (Opgi) ont prévu la fin des travaux de confortement des bâtiments, non effondrés au cours de la catastrophe, pour le 31 octobre prochain, au plus tard après l'Aïd El-Fitr. Cette information qui nous a été confirmée avant-hier par des cadres de la wilaya de Boumerdès, est accueillie avec scepticisme par les premiers concernés. Nombreux parmi les sinistrés expriment ouvertement leur doute, en interpellant les autorités nationales. Les uns rappellent avec force que les pouvoirs publics “avaient promis que les travaux de confortement dureraient au maximum six mois”. Les autres signalent que les travaux de réparation n'ont débuté à la cité des 1 200- Logements qu'“une année après le tremblement de terre”. “La quarantaine d'immeubles que compte à présent la cité a vu défiler plusieurs entreprises chargées des travaux de confortement. Celles-ci sont réparties au bout de quelques semaines, parce que les prix présentés par l'Opgi ne les satisfaisaient pas. Mais certaines entreprises privées n'ont pas respecté les délais de réalisation et ont alors été mises à la porte”, nous confie un des sinistrés. D'après lui, il ne sera pas possible d'achever tous les travaux à la fin du mois courant, “malgré la bonne volonté des entrepreneurs”. “Les appartements ne sont pas prêts à accueillir les propriétaires. Les cages d'escalier et les sous-sols sont toujours en chantier”, dit-il. Un groupe de sinistrés nous accompagne à la cité des 1 200-Logements. Sur les lieux, la présence des petites baraques réservées aux ouvriers, et celle des briques, du ciment et de toute la panoplie de bois et de fer jetés à même le sol, agressent le regard. “Qu'est-ce que je vous ai dit ?” nous lance un de nos accompagnateurs en désignant “le chantier” et “la nudité” des différents étages des immeubles. “Les ouvriers travaillent sérieusement cette fois, mais ils ne termineront leur travail que l'été prochain”, prédit-il comme un expert. Son avis n'est pourtant pas partagé par les ouvriers présents qui, eux, pensent que le retour des familles se fera à la fin de l'année 2004 ou au début de l'année prochaine. “On nous a demandé de faire l'essentiel dans les logements pour leur donner un aspect normal. Si le propriétaire veut faire des installations dans son appartement autres que celles qui figurent sur le plan, comme changer ou compléter la faïence dans la cuisine, la salle de bain et les toilettes, modifier les portes ou élever un mur dans le salon, ces aménagements seront à ses frais. On ne tient pas compte des aménagements faits par le propriétaire avant le séisme”, soutient l'un d'entre eux. D'autres révéleront que les questions liées à l'aménagement des espaces verts ne sont pas du ressort des entreprises mobilisées actuellement à la cité. Cette visite, loin de réconforter les sinistrés, a suscité de nouvelles inquiétudes chez ces derniers, notamment sur la qualité des ouvrages de confortement. Tous se demandent si les travaux effectués et ceux en cours répondent réellement aux “normes parasismiques” et si l'Etat, à travers ses représentants, continue à se préoccuper de la situation des sinistrés, à présent que ces derniers “sont parqués dans des sites, loin de la ville et des regards”. H. A.