Résumé : Nabila est bien déçue que sa mère refuse de l'écouter. Elle craint pour sa vie. Sa mère lui parIe des traditions et des conséquences de cet acte. Nabila en veut à son père. Elle est pleine de colère et d'amertume quand elle quitte sa mère. Au salon de thé où elle a pris place, un jeune homme ose la déranger... Boualem la regarde depuis un moment. ll ne lui a encore rien dit de ce dont ils ont parIé. ll prend tout son temps pour l'admirer. Car, elle est bien à son goût, Nabila. Dès qu'il est entré, sa beauté l'a frappé. ll n'a jamais vu de rousse aussi charmante. Ses yeux verts lui ont paru bien tristes et chargés de colère quand il a osé la tirer de ses pensées. ll a deviné qu'elle était tourmentée. Il a eu de la peine pour elle, même s'il ne la connaissait pas. De nouveau soucieuse, elle porte une main à la joue. Elle lui paraît bien fine et fragile. D'ailleurs, sa taille juste moyenne et sa minceur n'échappent pas à son regard insistant. Quand il croise de nouveau son regard, il ne peut plus s'en détacher. Lorsqu'il reçoit une bouffée de fumée au visage, il secoue la tête. Les jolis doigts tiennent une cigarette. Ainsi donc, elle fume. - Depuis quand fumes-tu ? lui demande-t-il. Pourquoi une aussi belle fille fume-t-elle ? - Tu as des problèmes ? - Non. - Pourquoi es-tu si stressée ? Tu as les doigts tremblants, fait-il remarquer. - Je suis nerveuse de nature, répond-elle. Alors, de quoi parliez-vous? - Je voulais savoir si tu était seule, répond Boualem. Je voulais tenter ma chance. - Qu'est-ce qui te fait croire que tu auras de la chance avec moi ? rétorque-t-elle en tirant une bouffée de sa cigarette. - Tu es seule, tu me plais et j'ai vraiment envie de te connaître, répond-il. Tu as une cigarette ? Nabila prend tout son temps pour ressortir le paquet de son sac et le lui tendre. Pour la première fois depuis qu'il se tient en face d'elle, elle le fixe. ll est grand et maigre, mais il est charmant, sans être beau. Lorsque après avoir aIlumé sa cigarette, il lève les yeux sur elle, ils échangent un sourire. - Pour quelqu'un qui veut tenter sa chance, tu aurais pu avoir la politesse de te présenter, lui dit-elle. - Qu'est-ce que tu veux savoir ? demande-t-il. - Tout, répond-elle, avant d'ajouter : Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Qu'est-ce que tu fais ? Ta famille ? - Bien... Boualem se présente donc et lui en apprend sur sa propre personne et sa famille. Quand il la voit parfois froncer les sourcils puis écarquiller les yeux, il ignore pourquoi elle est surprise. - Qu'est-ce qu'il y a ? - Rien, répond-elle en réprimant une envie de rire avant de lui demander : tu es vraiment le fils de Saïd ? Celui qui a acheté la menuiserie de hadj Tahar ? - Oui, comment peux-tu connaître ce détail ? Je t'ai seulement dit que je m'appelais Boualem T..., que ma famille a une menuiserie. Qui es-tu vraiment ? - Celle qui la lui a vendue, lâche-t-elle. Au prix fort. J'ai été dure en affaire. Ton père ne doit pas me porter dans son cœur. C'est au tour de Boualem, cette fois, de tenter de refouler son rire. - Ainsi, j'ai en face de moi celle qui a réussi à mettre mon père hors de lui ? Il ne te pardonnera pas de sitôt d'avoir haussé le prix. Ainsi donc, j'ai en face de moi le garçon manqué dont tous parIent au village ! Jamais, je n'aurais cru que tu puisses être aussi belle et aussi redoutable en affaire ! Comment se fait-il qu'on ne se soient jamais vus auparavant ? - Je l'ignore, mais, toi, tu ne vis pas au village ? l'interroge-t-elle. Je ne t'y ai jamais vu ! - J'habite ici, aux Ouadhias. Nabila a un sourire, heureuse qu'il vive dans la même ville qu'elle. (À suivre) A. K.