Plusieurs ministres ont jugé les crédits, qui leur ont été proposés au titre du prochain exercice financier, en deçà des besoins réels de leur secteur. La commission des finances de l'APN a achevé, jeudi dernier, l'audition des membres du gouvernement sur les budgets alloués à leur secteur au titre du prochain exercice financier. De nombreux ministres ont jugé les ressources financières, qui leur sont proposées insuffisantes par rapport aux besoins exprimés. Le ministre de l'éducation nationale, qui bénéficie du plus gros budget de fonctionnement (214 milliards de dinars), se retrouve en tête du peloton en terme des secteurs les mieux dotés, devant le ministère de la Défense nationale, et celui de l'Intérieur et des Collectivités locales, qui recevront respectivement 210 et 148 milliards de dinars. Les crédits proposés au département de l'éducation nationale représentent 20% du budget global de l'état. Pourtant, Boubekeur Benbouzid a soutenu, devant la commission des finances de l'APN, que les besoins financiers de son secteur sont plus grands que ceux qu'il a obtenus. Il a affirmé que les réformes en cours exigeront, à court et moyen terme, la construction de dizaines d'établissements scolaires (notamment des collèges), le renouvellement du mobilier scolaire, l'acquisition d'outils pédagogiques modernes, la réhabilitation d'anciennes structures, l'ouverture de nouveaux postes budgétaires… Le département de l'enseignement supérieur, qui fait face également à une rentrée universitaire difficile en raison du nombre élevé des nouveaux bacheliers, n'est pas aussi bien loti avec ses 78 milliards de dinars. Ses crédits pour 2005 ont été pourtant augmentés de 17,87% par rapport à ceux votés pour l'exercice 2004. Rachid Harraoubia a indiqué, aux députés, qu'il devra réceptionner, durant les cinq années à venir, 130 000 places pédagogiques et 150 000 lits. Il devra consacrer, à ce titre, 28 milliards de dinars du budget 2005 pour la création d'une partie des nouvelles places pédagogiques, de trois restaurants universitaires, d'infrastructures pédagogiques et centres des œuvres universitaires. Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, et celui des Transports, Mohamed Meghlaoui, ont considéré qu'il leur sera difficile de parachever les projets en cours ou de lancer de nouveaux chantiers (à l'instar du tramway d'Alger) avec les budgets qui leur sont proposés pour l'année prochaine (respectivement près de 2,7 et 1,8 milliards de dinars). Amar Ghoul a notamment posé le problème des projets, urgents, non encore budgétisés. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, reçu, jeudi, par les membres de la commission des finances, a été interpellé sur la problématique de l'autofinancement des communes et la distribution des logements sociaux. Le représentant du gouvernement a affirmé que la prérogative d'attribution des logements sociaux reviendra dorénavant au premier magistrat de la wilaya. Il a révélé, par ailleurs, que les 3% d'augmentation du budget de son secteur bénéficieront aux directions générales de la sûreté nationale, de la protection civile, des télécommunications nationales et de la garde communale. Cette hausse servira également, à l'indemnisation des victimes du terrorisme et au financement des différents établissements relevant de la tutelle. Les députés ont jugé, opportun, pour leur part, de revaloriser les salaires des fonctionnaires de la sûreté nationale et de leur assurer des logements. Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs est l'un des rares à s'être montré relativement satisfait des ressources de son département. Il a expliqué que l'évolution, assez significative, des ses crédits pour 2005 par rapport à l'année précédente (12,97%) par “l'augmentation des primes et salaire et au paiement des frais de mission” ainsi que “les aides à la gestion destinées aux centres de formation, aux associations d'utilité publique telles les écoles coraniques et les zouias et le renouvellement du mobilier des services décentralisés”. Les réserves des députés La commission des finances se réunit, ce soir, au siège de l'Assemblée nationale, pour trancher les articles du projet de loi de finances pour 2005, qu'elle remet en cause. Le premier point d'achoppement avec le gouvernement concerne l'instauration d'une TVA de 7% sur le prix du médicament à l'importation. Le ministre des Finances, Abdelatif Benchenhou, justifie cet impôt par la nécessité de contrôler les importateurs des médicaments. Certains députés, dont le représentant du Parti des travailleurs, Djelloul Djoudi, jugent les arguments du ministre non convaincants. Ils estiment pour leur part que les médicaments doivent continuer à être exonérés des impôts au même titre que les autres produits de première nécessité. D'autant que l'application de la nouvelle TVA pénalisera lourdement le consommateur, mais surtout la CNAS, laquelle subira de surcroît, à partir de 2005, une augmentation de sa participation aux hôpitaux de l'ordre de huit milliards de dinars. Les députés sont partagés sur l'augmentation de cinq dinars du prix du gasoil à la pompe. Si certains sont favorables à la proposition du gouvernement, qui devrait réduire l'écart des prix entre le gasoil et l'essence et par conséquent encourager l'utilisation de carburants moins polluants (sans plomb par exemple), d'autres rejettent cette hausse, inconcevables, de leur avis, dans un pays producteur de pétrole et de gaz. Le désaccord est également, marqué sur l'augmentation envisagée sur le prix de l'eau minérale, ainsi que sur l'article 59 qui ouvre droit à l'exercice dans notre pays des comptables, experts-comptables et commissaires au compte étrangers. S. H.