Le centre-ville de Khenchela vit depuis vendredi dernier au rythme d'une révolte qui est pour les uns celle de l'eau et pour les autres celle du logement. Alors que les services de sécurité comptent leurs blessés et les émeutiers leurs prisonniers, on a assisté vendredi, samedi et dimanche à une réponse musclée des forces de sécurité. À la capitale du Babar tout a commencé vendredi dernier après la prière du vendredi. Une centaine de jeunes s'est donné rendez-vous au centre de la cité Reddah-Moussa, un quartier réputé difficile de la ville de Khenchela et situé à sa sortie ouest. Des dizaines de jeunes, après avoir barricadé une partie de la route nationale 88 à l'aide de ferrailles de fortune et de pneus brûlés, se sont dirigées vers la station Sonatrach située dans le quartier, la plus importante du chef-lieu de wilaya. D'ailleurs, le quartier Reddah-Moussa est appelé aussi “Sonatrach”. L'intervention rapide des éléments de sécurité et de prévention affectés à la station, qui ont fermé toutes les issues de l'unité qui reste très sensible de par aussi bien les produits sensibles qu'elle renferme dont une unité de gaz propane que par les services qu'elle offre aux citoyens, a permis d'éviter le pire face à une déferlante humaine qui ne cherchait qu'à en découdre avec tout signe de présence de l'Etat et de service public, comme c'est le cas dans ce genre de mouvement de masse. Si une partie des émeutiers a continué son siège de la station Naftal sans parvenir à y pénétrer, une autre s'est mise à saccager le rond-point de la cité, qui venait d'être inauguré lors de la dernière visite du président dans la wilaya. Une fois sur place, les services de sécurité, selon plusieurs sources concordantes, tout en intimant l'ordre aux manifestants de rentrer chez eux, ils les sollicitèrent pour désigner des représentants afin de porter leurs préoccupations aux autorités civiles. Les émeutiers opposèrent un niet aux doléances des forces de l'ordre prétextant l'habitude de voir les responsables revenir sur leurs promesses tenues à l'issue de précédents mouvements de protestation. C'est peut-être la raison pour laquelle le P/APC de Khenchela fut pris en otage dans la mosquée de la cité alors qu'il essayait de prendre langue avec des émeutiers. Une deuxième tentative d'assaut contre la station Naftal est alors entamée. Cette fois-ci, les éléments antiémeutes viendront à la rescousse des agents de Naftal. Au même moment, un deuxième groupe d'éléments des forces antiémeutes avançait en direction des points de barricades pour ouvrir la route nationale à la circulation. Enfin, un troisième groupe procéda à la libération du P/APC des mains de ses ravisseurs. Il s'ensuivit un affrontement entre émeutiers et forces de l'ordre qui se solda, selon une source hospitalière locale, par l'enregistrement de 6 blessés dont 1 jugé dans un état grave parmi les brigades antiémeutes. Toujours selon notre source, aucun émeutier n'a été admis aux urgences. Avec l'appel du Maghreb et l'heure du f'tour, les émeutiers quittèrent leurs positions pour rompre le jeûne et laisser place à un calme précaire. En effet, juste après la rupture du jeûne, des émeutiers ont tenté de réinvestir la cité mais, cette fois-ci, l'intervention des forces de sécurité qui se sont massivement redéployées dans le quartier fut musclée. Le calme est ramené quelques heures plus tard par les forces antiémeutes qui ont procédé à 18 interpellations . Le lendemain, samedi, aux coups de 15 heures, les émeutes ont repris, avec une moindre intensité, dans la cité Reddah-Moussa. Cette foi-ci, les émeutiers revendiquaient la libération des 18 détenus. Hier, durant toute la journée, un calme précaire régnait sur la ville de Khenchela alors que les services de sécurité continuaient à procéder à des arrestations. Le nombre des interpellations est passé, hier en fin de journée, à 46. Ils seront présentés, du moins 43 d'entre eux, aujourd'hui devant le parquet. En effet, parmi ces personnes arrêtées on compte, selon des informations non infirmées, 3 militaires qui seront traduits devant le tribunal militaire de Constantine. D'ailleurs, le centre-ville de Khenchela a vécu, hier, une scène dramatique avec la tentative de suicide par immolation du père d'un de ces trois militaires. M. K.