L'avance qu'avait George Bush sur son adversaire démocrate a fondu comme neige au soleil à l'issue du face-à-face du 30 septembre. Désormais, c'est John Kerry qui est passé en tête avec trois points d'avance sur son rival, 49% contre 46%, comme l'indique le premier sondage de la revue Newsweek, qui a suivi la confrontation télévisée entre les deux postulants au bureau ovale. L'effet de l'ascendant qu'avait pris le candidat démocrate sur le président en exercice n'a pas tardé à se traduire concrètement sur le terrain. Bush n'a pas réussi à prendre à défaut un homme, qui a montré de véritables potentialités. 62 millions d'Américains ont suivi le débat. 61% d'entre eux ont reconnu la supériorité de John Kerry. Seuls 19% pensent le contraire. Bien que le républicain garde encore la confiance de ses concitoyens sur les questions de l'Irak et du terrorisme, il n'en demeure pas moins qu'il a perdu beaucoup de terrain lors de ce duel. Son avance sur ces deux sujets a énormément baissé, selon le sondage de Newsweek, qui ne lui accorde plus qu'un maigre avantage. Certains n'hésitent pas à reconnaître à Kerry la stature d'un homme d'Etat tant il mit son vis-à-vis en difficulté à plusieurs reprises. Ainsi, les tentatives des républicains visant à lui dénier cette qualité ont échoué. N'axant pas sa stratégie uniquement sur la guerre en Irak et la lutte contre le terrorisme, points forts de l'autre candidat, le sénateur du Massachusetts a surtout mis en exergue les erreurs sur le plan économique de l'Administration Bush. La montée en puissance de John Kerry est confirmée par la majeure partie de la presse américaine, qui a estimé que l'actuel locataire de la Maison-Blanche n'a été que l'ombre de lui-même jeudi dernier. Ceci étant, rien n'est encore joué. Deux autres débats opposeront les deux candidats respectivement les 8 et 13 octobre courant. Dans le camp des démocrates, on estime que le premier duel a constitué un tournant important dans cette campagne électorale, tant leur favori à mis un terme à toutes les spéculations quant à ses capacités à assumer les fonctions de président des Etats-Unis et de commandant en chef des forces armées. Dans ce même ordre d'idées, les démocrates ont accusé George Bush de “mentir” à propos de la position de leur candidat en matière de défense après que le président américain ait accusé son rival John Kerry de donner à des pays étrangers un droit de veto sur l'action militaire américaine. “George Bush a perdu le débat. Maintenant, il ment”, clame un slogan démocrate diffusé en réponse aux spots du camp Bush pointant du doigt la “doctrine Kerry” d'apaisement des alliés, deux jours après le premier débat entre les deux candidats, dont Kerry est sorti vainqueur selon les sondages. Les deux colistiers, Dick Cheney et John Edwards, se donneront, quant à eux, la réplique aujourd'hui dans le seul et unique débat qui les mettra aux prises dans cette campagne électorale. L'affiche présente un duel inédit entre deux hommes que tout oppose. Agé de 63 ans, Richard (Dick) Cheney ne cherche pas à plaire. Homme de l'ombre, il défend sans état d'âme le bilan des quatre ans du gouvernement Bush, même ses décisions les plus controversées, et attaque avec dureté le camp adverse. Par contre, John Edwards est tout sourire. Homme du Sud, svelte et hâlé, le lieutenant de John Kerry, 51 ans, flatte les tendances à l'optimisme du peuple américain. Mais, depuis le début de la campagne, le sénateur de la Caroline du Nord peine à se faire connaître et à exister face au pugnace Dick Cheney. K. A.